http://www.eglise-reformee-fr.org/erf/Toutes-les-actualites/Porajmos-et-shoah-ou-deux-poids-deux-mesures
"""""""JE POSE ALORS CETTE QUESTION: UN ROM VAUT-IL MOINS QU'UN JUIF?»
Sous un titre pour le moins étrange: «Porajmos et Shoah, ou deux poids deux mesures», Nathalie Paquereau, «pasteur, aumônier des prisons, et assistante sociale», écrit sur le site Internet de l’Eglise réformée de France des choses qui partent sans doute d’un bon sentiment mais résonnent de manière bizarre – et pas seulement à des oreilles juives.
Mme Paquerau rappelle que «le gouvernement provisoire [sic] de Vichy avait parqué une partie de cette communauté dans des camps d'internement français», ce qui est vrai. Mais elle verse dans l’affabulation la plus totale quand elle affirme: «En France, ce sont 14.000 des 42.000 Roms qui ont trouvé la mort durant la dernière guerre mondiale, soit 1/3 de la communauté». La vérité est que, si les nazis ont traité les Roms d’Europe centrale de la manière la plus barbare – l’évaluation du nombre des victimes varie, selon les historiens, entre 100.000 et 300.000 –, les Roms de France ont été heureusement préservés de l’extermination qui a frappé leurs frères. Les seuls Roms de France déportés vers les camps de la mort vivaient dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, qui dépendaient du gouvernement militaire allemand de Bruxelles; cela représente un peu moins de cent victimes, très loin donc du chiffre imaginaire avancé par Mme Paquerau.
Tout cela ne mériterait pas que l’on s’y attarde, tant la persécution des Roms en France et leur extermination en Europe centrale sont des épisodes horribles de la seconde guerre mondiale, et tant les discriminations dont les Roms sont aujourd’hui l’objet – en Hongrie, en Roumanie, mais aussi en France – appellent une réaction vigoureuse et solidaire de la part de tous les citoyens. Mais on ne peut qu’être inquiet quand on voit, sur le site de l’Eglise réformée de France, des absurdités mises au service de ce qu’il faut bien appeler une indécente «concurrence des mémoires». Surtout lorsque ce développement pseudo-historien, placé sous l’invocation douteuse du «deux poids deux mesures», s’achève par une phase révoltante: «Je pose alors cette question: un Rom vaut-il moins qu'un Juif?»
Nathalie Paquereau, «pasteur, aumônier des prisons, et assistante sociale», devrait se poser beaucoup d’autres questions. Sur l’histoire, sur la situation présente, et sans doute aussi sur elle-même.
Meir. Weintreter.