Tout d´abord une idole est une image gravée ou sculptée dans le bois, la pierre ou le métal, une représentation quelconque, un symbole matériel ou imaginaire qui est l´objet d´une vénération fervente. Généralement parlant, l´idolâtrie est la vénération, l´amour, le culte ou l´adoration d´une idole. Cet hommage est destiné le plus souvent à une puissance supérieure réelle ou fictive, soit qu´on prête à cette puissance une existence animée (dans le cas d´un dieu humain ou animal, ou encore d´un mort), soit qu´il s´agisse d´une chose inanimée (une force ou un élément naturel inerte). D´ordinaire, l´idolâtrie suppose des formes précises, des cérémonies ou un rituel. Selon ler Tankh elle englobe toute forme de religion étrangère à la religion d´Israel, d´ou l´appellation en hébreu « avodah zarah » = service (culte) étranger.
Nos textes sacrés sont plus que clairs, nulle prière avec emploi d´idole ne peut être approuvée. Dieu ne tolère pas la fusion des pratiques idolâtrique et du culte pur. A titre d´exemple rappelons qu´il a condamné le culte du veau bien qu´Israël avait affublé cette idole de son nom. (Exode 32 :3-10). L´Eternel ne saurait partager sa gloire avec les images taillées (Isaïe 42 :
Parmi les pratiques idolâtriques révoltantes recensées dans les textes du Tanakh, figurent la prostitution cérémonielle, les sacrifices d´enfants, l´ivrognerie, les séances de mortification ou les adorateurs se lacéraient jusqu´au sang (I Rois 14 :24, 18 :28 ; Jérémie 19 :3-5 ; Osée 4 :13 :14 ; Amos 2 :
. On vénérait les idoles en partageant avec elles la nourriture et la boisson (Exode 32 :6), en s´inclinant devant elles et en leur offrant des sacrifices, par des chants et des danses, voire en les embrassant (Exode 32 :8, 18, 19 ; I Rois 19 :18 ; Osée 13 :2). Ports d´amulettes et autres bijoux à l´effigie de ces dieux, allaient de paire avec le culte qui leur était rendu.
Parfois l´acte d´idolâtrie consistait à dresser une table et à y disposer de la nourriture et de la boisson pour les faux dieux (Isaïe 65 :11), à leur offrir des libations ainsi que de la fumées et des pains sacrificiels (Jérémie 7 :18 ; 44 :7), et à pleurer à l´occasion de certaines cérémonies religieuses. (Ezéchiel 8 :14). Si la Torah interdisent à Israël de se faire des tatouages, des entailles dans la chair, ou une calvitie artificielle sur le front, de couper les cotés de la chevelure et de détruire les extrémités de la barbe (voir Lévitique 19 :26-28 et Deutéronome 14 :1), c´est sans doutes que ces pratiques étaient associées aux rites idolâtriques des peuple voisins d´autrefois.
L´idolâtrie est dans le Judaisme considérée comme l´un des trois péchés cardinaux que l´on ne doit pas commettre même si sa vie en dépend, de même que l´on ne peut transgresser l´interdiction de l´inceste et du meurtre.
Un traîté entier du Talmud (Avodah zarah) précise les détails de cette interdiction, qui ne concerne pas seulement le culte des idoles, mais également le fait de porter l´effigie de celles-ci ou de les fabriquer pour l´usage d´un tiers. Il est interdit à un Juif de traiter une affaire avec un idolâtre trois jours avant la date d´une fête non juive, de crainte qu´avec le profit ainsi réalisé, celui-ci ne puisse faire une offrande à son idole (AZ 1 :1). Un Juif n´a pas le droit non plus de boire le vin d´un non Juif parce qu´il pourrait avoir été fabriqué pour être offert en libation à une idole. En outre en Eretz Israël, il est interdit à une Juif de vendre de la terre à un idolâtre.
Depuis la rébellion de l´homme en Eden, seul une minorité d´humains s´est tenue à l´écart de l´idolâtrie. Pendant la vie d´Enosh, petit fils d´Adam, on commença à invoquer le nom de l´Eternel (Genèse 4 :26). Mais cela ne signifie pas qu´on se mit alors à invoquer l´Eternel avec foi. Abel avait en effet agi ainsi auparavant au point même de mourir en martyr, assassiné par son frère. Apparemment donc Enosh vit plutôt la naissance d´une forme de faux culte dans laquelle on faisait selon toute vraisemblance un mauvais usage ou une application incorrecte du nom de l´Eternel. Peut être les hommes se sont-ils octroyé le nom de Dieu, ou l´ont-ils donné à certaines notoriétés de leur époque, prétendant ainsi par elles s´approcher de Dieu ou bien encore l´ont-ils appliqué à des objets qui leur servaient d´idole, supports visibles et palpables pour tenter d´adorer Dieu pourtant invisible. Les sages du Judaïsme dont notamment Rashi et Maimonide ont dit que cette invocation du Nom de l´Eternel n´était autre que l´idolâtrie.
La Genèse ne révèle pas dans quelle mesure on a pratiqué l´idolâtrie depuis l´époque d´Enosh jusqu´au déluge. Quoi qu´il en soit, la situation était telle qu´aux jours de Noah, l´Eternel vit que la malice de l´homme était abondante sur la terre et que toute inclination des pensées de son cœur n´était toujours que mauvaise (Genèse 6 :5).
Le déluge détruisit tous les humains idolâtres mais cela n´empêcha pas l´idolâtrie de refaire surface, incarnée surtout par Nimrod, ’’puissant chasseur contre l´Eternel’’. C´est sans doutes sous la direction de Nimrod que débuta la construction de Babel et de sa tour. Mais Dieu déjoua les plans des bâtisseurs en confondant leur langue. Puisqu´ils ne pouvaient plus se comprendre l´un l´autre, ils cessèrent de bâtir cette tour et se dispersèrent emportant avec eux nombres de conceptions religieuses erronées ancrées d´une manière encore très vivace de nos jours.
Our Kasdîm ou Ur des chaldéens, la ville que la Genèse mentionne ensuite, n´était pas plus vouée au culte de l´Eternel, le vrai Dieu, que ne l´avait été Babel. La divinité protectrice de cette cité était Sîn, le dieu lune. C´est à Our qu´habitait Térah père d´Abraham. Puisqu´il vivait au milieu des idolâtres, Térah a pu pratiquer l´idolâtrie comme semble le révéler les paroles que Josué adressa à Israel bien des siècles plus tard :
"Vos ancêtres habitaient jadis au-delà du Fleuve, jusqu’à Térah, père d’Abraham et de Nahor, et ils servaient des dieux étrangers." Josué 24 :2
En revanche Abraham, lui avait foi en l´Eternel, le vrai Dieu.
En quelque lieu qu´Abraham et ses descendants se soient rendu, ils furent confrontés à l´idolâtrie issue de l´apostasie qui avait d´abord vu le jour à Babel et ils risquaient donc continuellement de se laisser contaminer par elle. D´ailleurs, il n´est pas jusqu´aux parents d´Abraham qui n´aient possédé des idoles. Ainsi Laban, le beau père de Jacob avait en sa possession des téraphîm, c´est à dire des dieux domestiques. Jacob lui même jugea nécessaire d´inviter sa maisonnée à se défaire des doeux étrangers, puis il enterra les idoles qu´elle lui remit.
On notera que de la part de Jacob, il n´y a pas eu la moindre ombre de tolérance anvers les adorateurs d´idole de sa maisonnée et pour un adorateur de l´Eternel, il n´y avait pas lieu d´en faire preuve envers un idolâtre. Dieu désapprouve l´idolâtrie que celle ci soient pratiquée par des Juifs (ce qui en théorie les exclu d´office de la communauté) ou par des non juifs. Tout adorateur de Dieu et Juif de surcroît ne peut que lui aussi la désapprouver et ne peut la tolerer dans ses murs.
Nous analyserons dans un prochain article l´histoire de idolâtrie au sein de l´Israël antique.
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Mer 14 Nov - 19:25