Ehoud Olmert – Mahmoud Abbas : un pas de deux sur fond musical dissonant…Car, Il faut bien l’admettre, l’entrevue de lundi entre les deux hommes, à Jéricho à titre symbolique, n’a débouché sur…rien! De belles phrases, oui! Quelques gestes de bonne volonté, oui. Le premier ministre israélien a réaffirmé l’objectif commun, à savoir la création d’un état palestinien et la marginalisation du Hamas. Mais, rien sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le mode opératoire devant mener à la concrétisation de cet objectif.
Tout se passe en fait comme si les uns et les autres temporisaient. Comme si la conférence internationale initiée par Bush faisait fonction de réfrigérateur. Or, on le sait, l’attentisme est la pire des solutions dans une situation conflictuelle.
En fait, le problème est que Ehoud Olmert d’un côté et Mahmoud Abbas de l’autre sont parfaitement conscients des vraies questions à débattre mais que, pour des raisons de politique intérieure, ni l’un ni l’autre ne veulent les aborder de front, et tout de suite.
Les deux dirigeants, il ne faut pas s’y tromper, sont revenus à la démarche d’Oslo, soit “laisser du temps au temps”, avancer par étapes pour laisser les points les plus délicats pour la phase finale. L’idée sous-jacente d’alors: instaurer progressivement un climat de confiance entre les parties, afin de déverrouiller les accès à l’essentiel. Un raté! Parce que la politique n’a rien à faire des bons sentiments. Parce que prendre son temps, c’est permettre la montée en puissance des extrémismes, de l’occupation du terrain par des minorités soumises à des idéologies d’exclusion.
Ehoud Barak l’avait fort bien perçu. Aussi le rendez-vous de Camp David allait dans le bon sens. Il a échoué par précipitation s’une part et, plus étonnant, d’une méconnaissance singulière des états d’âme de l’adversaire-partenaire (Yasser Arafat) d’autre part.
Mais il n’empêche: la solution du statut de Jérusalem et la question du retour des réfugiés palestiniens est la clé de tout accord. Tout le reste est secondaire. Il faut la privilégier, en débattre sans faux-fuyant, et sans perte de temps. Le courage politique, c’est oser affronter des problèmes qui impliquent des renoncements.
Mais voilà, pour ce faire, Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas n’ont d’autre voie que de se coltiner avec ceux qui, dans leur camp respectif, ont fait le choix du tout ou rien, au nom d’une interprétation propre de leurs textes sacrés, ou de considérations sécuritaires. La démarche commune affirmée à Jéricho semble marquer le refus d’un tel débat interne, à même de faire sauter les clivages politiques traditionnels. Une démarche légitime, somme toute – nul ne court après les traumatismes, mais qui donne du champ aux extrémistes de chaque camp.
source :
israelvalley