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Semaine du 25 février au 1er mars 2013
Possible victoire de l’alliance Lapid & Bennet, qui devraient
imposer à Netanyahu un gouvernement sans les ultraorthodoxes
Cette semaine a vu un tournant dans les tractations en vue de la formation du
nouveau gouvernement. Face à la fermeté sans faille de l’alliance entre Naftali Bennet et Yaïr
Lapid, il semble que Binyamin Netanyahu et son équipe de négociateurs aient enfin
intériorisé le fait qu’in fine, le Likoud-Beiténou n’aura pas d’autre choix que de former une
coalition avec Yesh Atid et le Foyer Juif, sans les ultra-orthodoxes.
Les négociations entre le Likoud-Beiténou et ces deux partis ont donc repris de plus
belle, alors que le temps légal de 28 jours pour la formation du nouveau gouvernement
s’épuisera samedi. Netanyahu sera obligé alors de demander au président de l’État Shimon
Pérès la rallonge légale de 14 jours – qu’il obtiendra sans doute, comme le veut la tradition.
Dans ce contexte, il faut noter que des responsables américains ont fait savoir à leurs
homologues israéliens qu’en l’absence d’annonce d’une nouvelle coalition avant le 16 mars,
la visite de président Obama en Israël sera annulée – perspective inquiétante pour le
gouvernement israélien.
Des négociations entre le Likoud-Beiténou et Yesh Atid, il ressort que ce dernier s’est
donné pour objectif de mener à la formation d’un gouvernement excluant les partis ultraorthodoxes,
avec ou sans un accord sur la conscription pour tous. En effet, Yesh Atid explique
que des désaccords profonds entre lui et les ultra-orthodoxes, non seulement sur la question
de leurs conscription et intégration sur le marché du travail, mais également sur celle de
l’introduction des matières fondamentales (anglais et mathématiques) dans leur système
éducatif ainsi que d’autres pommes de discorde, empêchent leur cohabitation au sein d’un
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même gouvernement. Sans doute, Lapid cherche à satisfaire son électorat, qui souhaite de
tous ses voeux voir la fin de la mainmise des ultra-orthodoxes sur d’importants budgets qu’ils
ont obtenus au fil des années grâce à leur rôle de fléau de la balance entre la gauche et la
droite.
Le Likoud-Beiténou a proposé pour sa part aux ultra-orthodoxes de rejoindre le
gouvernement dans un deuxième temps, lorsque la question de la conscription aura été
réglée ; or les ultra-orthodoxes rejettent du tout au tout cette solution, puisque la question
de l’égalité des charges est essentielle pour eux, et que d’ici là, tous les portefeuilles qui leur
sont chers (le Logement, l’Intérieur, les Cultes, l’industrie et le Commerce & l’Emploi) auront
été distribués.
Le Foyer Juif a pour sa part exigé de revoir l’accord signé la semaine dernière entre le
Likoud-Beiténou et Hatnua de Tzipi Livni, notamment afin de retirer à Mme Livni certaines de
ses compétences exclusives pour la gestion du processus de paix israélo-palestinien. Faute de
choix, cette demande du Foyer Juif aurait été acceptée par le Likoud-Beiténou.
Par ailleurs, au milieu de cette semaine le Likoud-Beiténou essayait encore de
convaincre le parti travailliste de rejoindre sa coalition, ce qui lui aurait permis de former un
gouvernement sans Bennet & Lapid et avec les ultra-orthodoxes. Selon la presse, Netanyahu
serait allé jusqu’à proposer au PTI les Finances, l’Industrie, le Commerce & l’Emploi ainsi que
les Affaires sociales, tout en garantissant à Binyamin Ben Eliezer la présidence de l’État après
Pérès. Malgré cette offre particulièrement généreuse, Shelly Yechimovitch insiste pour rester
dans l’opposition, soutenant que les différends idéologiques avec le Likoud sont trop
importants.
Le sondage du Haaretz du 1er mars confirme la montée en puissance de Yesh Atid
aux dépens du Likoud-Beiténou, du parti travailliste et de Hatnua
Nombre de sièges
dans la Knesset
actuelle
SONDAGE HAARETZ
Likoud 31 26
Yesh Atid 19 31
Foyer Juif 12 13
Shass 11 10
PTI 15 9
Meretz 6 7
JUT 7 6
Hatnua 6 3
Hadash 4
Raam-Taal 4
Balad 3
13
Kadima 2 2
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QUE VEUT LAPID ? / PAR YOSSI VERTER – HAARETZ
Yaïr Lapid est le plus courtisé. Il n’a même pas besoin de faire des efforts pour se faire de
nouveaux admirateurs chaque jour. Mais son heure de vérité sera la semaine prochaine
lorsque les vraies tractations sur la formation de la coalition s’ouvriront face à l’équipe
chargée des négociations au Likoud-Béteinou. Il devra faire des concessions, c’est évident. La
question qui se pose est de savoir combien ?
Prenons par exemple le principe de répartition des charges, qui s’est imposé comme si le
sort d’Israël dépendait du pourcentage des nouvelles recrues ultra-orthodoxes. Sa seule
raison d’être est de mettre les ultra-orthodoxes à la porte. Tel est le véritable objectif de
Lapid et de ses amis. Dès que cet écueil sera écarté, nous nous apercevrons tous qu’un
compromis sera trouvé sur tous les autres sujets : le nombre de conscrits ou le nombre de
personnes exemptées, 400 ou mille exemptions, l’âge des conscrits… tout cela trouvera très
vite une solution. D’ailleurs personne ne s’intéressera vraiment à ces détails. L’image rime
avec message. Et le message que Lapid doit à ses électeurs est un gouvernement sans ultraorthodoxes.
Un membre éminent de Yesh Atid a déclaré cette semaine en privé : « Vous ne comprenez
pas l’objet de notre combat. Nous ne luttons pas contre des chiffres ou des pourcentages,
nous luttons pour déterminer qui tient les rênes de l’État. Qui décide ? La loi ou les
constellations politiques ? Ceux qui estiment que nous sommes entrés en politique pour
accepter des compromis et être assis aux côtés d’Eli Yishaï au gouvernement, ne
comprennent pas ce qui s’est passé le 22 janvier ! ».
Quant au nombre de ministres qui siègeront au prochain gouvernement – qui devra être
réduit à 18 selon Yaïr Lapid – là-aussi l’image rime avec message. Dès que la rallonge autour
de laquelle siégeaient 7 ministres sera entreposée au sous-sol, les électeurs de Lapid seront
satisfaits, même si au bout du compte cela se termine avec 22 ministres (au lieu de 30). Le
concept de ministre sans portefeuille sera jeté aux oubliettes. Lapid acceptera certainement
un compromis de 22 ministres, à condition que la 19ème Knesset vote une loi limitant à 18 le
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nombre des ministres dès le 33ème gouvernement, et que cette loi ne pourra être modifiée
qu’avec une majorité confortée d’au moins 70 députés.
Les heurs en Cisjordanie après la mort de Jaradat se sont
calmés ; en Israël on ne prévoit pas l’irruption d’une 3ème
Intifada dans un avenir proche
Les heurs entre jeunes manifestants palestiniens et soldats de Tsahal, qui se sont
accentués pendant le week-end précédent et en début de semaine après la mort inexpliquée
en prison israélienne du détenu palestinien Arafat Jaradat (30 ans), torturé à mort selon les
Palestiniens (allégation réfutée par le rapport intermédiaire des médecins légistes israéliens),
semblent s’être calmées, du moins provisoirement, au lendemain des obsèques de la victime
palestinienne.
Rappelons qu’au début de cette semaine, des responsables palestiniens comme Nabil
Shaat ou Jibril Rajoub ont déclaré aux médias israéliens que l’Autorité palestinienne n’avait
pas pour projet de déclencher une 3ème Intifada, les manifestations violentes étant organisées
en désaccord avec sa ligne. Rappelons aussi qu’afin d’apaiser l’Autorité et lui permettre
d’agir sur le terrain, Netanyahu a ordonné de débloquer 100 millions de dollars provenant de
recettes fiscales qu’Israël prélève pour le compte de l’Autorité, afin que celle-ci puisse verser
à ses fonctionnaires le salaire de janvier 2013.
« C’est pour vous, du monsieur qui est assis en face »
Caricature du Maariv
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La plupart des commentateurs de presse estiment que Mahmud Abbas n’a pas intérêt
à provoquer une troisième Intifada, mais qu’il cherche à faire monter la tension à l’approche
de la visite d’Obama pour obtenir des acquis d’Israël ; c’est pourquoi, écrivent-t-ils, l’Autorité
palestinienne s’est empressée d’annoncer que Jaradat avait été torturé à mort alors que cela
n’est clairement pas la conclusion de l’autopsie.
Toutefois, les commentateurs mettent en garde contre les risques d’une dégradation
non voulue débouchant sur une 3ème Intifada et affirment qu’au sein de l’Autorité
palestinienne, des éléments, soutenus d’ailleurs par le Hamas, souhaitent la reprise des
violences. Ils ajoutent que la population palestinienne est déçue par les résultats lamentables
obtenus par Abbas auprès d’Israël, comparé à ce qui est perçu comme le succès du Hamas.
Enfin, dans un contexte de processus de paix gelé et la poursuite des constructions dans les
colonies, de rhétorique israélienne peu enthousiaste à la reprise du processus (notamment
lors de la campagne électorale) et de crise économique au sein de l’AP, les commentateurs
remettent en question le bien-fondé du gel des fonds palestiniens et la volonté israélienne
d’incarcérer à nouveau pour de longues périodes les terroristes qui ont violé les termes de
leur libération. Ils exhortent donc le gouvernement israélien à parvenir à un accord sur ces
prisonniers, à prendre de réelles mesures de bonne volonté vis-à-vis de l’AP, notamment la
libération de prisonniers du Fatah, et à se montrer ferme face aux colons délinquants qui
optent pour la politique du « prix à payer » (Price Tag).
L’ANNONCE D’UNE TROISIEME INTIFADA EST PREMATUREE / AMIR RAPPOPORT – MAARIV
Les événements de cette semaine n’ont pu que donner raison aux Palestiniens de Judée-
Samarie qui estiment que « les Juifs ne comprennent que la force ». Preuve en est : pendant
4 ans un calme quasi-total a régné en Judée-Samarie et ce calme a eu pour conséquence de
retirer le thème de l’Autorité palestinienne de l’ordre du jour israélien. Le problème
palestinien a disparu et il ne restait qu’à s’occuper du Hamas, qui a enlevé Gilad Shalit et tiré
des roquettes depuis la bande de Gaza.
Les émeutes de ces derniers jours s’inscrivent dans l’agitation qui a commencé en Judée-
Samarie à la fin de l’été dernier suite au gel diplomatique et à la crise économique dans les
Territoires palestiniens. Cette agitation s’est accrue après l’opération Pilier de défense et ce
que la Cisjordanie a qualifié de victoire du Hamas (les Palestiniens ont donc de bonnes
raisons de croire que la violence paie). La hausse du nombre d’arrestations procédées par
Tsahal et le Shin Beit auprès des détenus libérés dans le cadre du marché Shalit et qui se
sont de nouveau tournés vers le terrorisme (plus de 40 à ce jour), et la grève de la faim des
détenus palestiniens, tout cela a été à l’origine du pic de violence de la fin de la semaine
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dernière. Et nous avons également l’arrivée prochaine du président Obama, qui contribue
également à cette effervescence.
Au Commandement de la région centre, on analyse la situation de cette manière : l’Autorité
palestinienne et les autres responsables palestiniens veulent que le problème palestinien
reste à l’ordre du jour jusqu’à la visite d’Obama. La protestation des détenus est authentique
et étendue, de même que l’agitation que suscitent les arrestations des détenus libérés dans
le cadre du marché Shalit (dans les Territoires, la population n’apprécie pas du tout ces
arrestations). Et pourtant, les responsables militaires israéliens estiment que l’annonce
d’une troisième Intifada est prématurée. Tsahal se prépare depuis déjà de longs mois à
l’éventualité d’une troisième Intifada, qui s’exprimera vraisemblablement par une vague
d’émeutes populaires et des actions terroristes principalement en Judée-Samarie. La datebutoir
de ces préparatifs est la fin mars, avant la Journée de la Terre, la journée des détenus
et la Naqba, qui sera célébrée le 15 mai prochain.
Ces dernières années, Tsahal a fait beaucoup de progrès et utilise des moyens considérés
comme « moins meurtriers » pour disperser les manifestations. C’est une des leçons tirées
du Marmara et une des conséquences des préparatifs de Tsahal en vue de la vague de
violence qui n’a pas éclaté, en septembre 2011, lorsque les Palestiniens se sont adressés à
l’ONU. Lors des derniers affrontements, Tsahal a su éviter les pertes humaines côté
palestinien, et l’on sait que les enterrements auraient aggravé la situation. Mais les blessés
se comptent pas dizaines, et même par centaines.
ENTREZ, ENTREZ INTIFADA ! / PAR ISRAËL HAREL – HAARETZ
Il y a onze ans, le 29 mars 2002 (sombre mois de mars qui a vu la mort de 105 soldats et
civils), Israël a lancé l’opération « Rempart ». Cette opération est survenue après plusieurs
années de retenue à l’égard du terrorisme et de ses dirigeants, parmi lesquels Yasser Arafat,
notre « partenaire pour la paix ». Ce n’est qu’après l’attentat de Netanya, le soir de Pessah
2002, que l’opération a été lancée, alors qu’Ariel Sharon craignait de perdre le pouvoir s’il
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continuait à prôner que « notre force est notre retenue », devise adoptée dans l’espoir de se
forger une image d’homme d’État aspirant à la paix.
Autre raison à l’origine de ces années de retenue : la campagne efficace menée par les
médias, avec l’aide de hauts gradés, pour nous effrayer. Pour éradiquer le terrorisme, nous
disait-on, il faudra entrer dans les Casbahs et les camps de réfugiés et là-bas, nous perdrons
un grand nombre de victimes.
Nous savons tous comment tout cela c’est terminé : Tsahal a frappé les organisations
terroristes dans les Casbahs et dans les camps de réfugiés. Et la vie a repris son cours normal
à Tel-Aviv, Jérusalem, Hedera et Netanya. Et depuis, un calme décent règne à Ramallah et à
Naplouse.
Depuis, nombreux sont ceux qui prédisent l’imminence d’une troisième Intifada. Parmi eux,
l’on trouvera un grand nombre d’ex-membres des milieux de la Défense qui, comme Sharon,
cherchent à plaire aux médias. Et voilà ! Après onze années de frustration, ces sombres
prophètes ont le sentiment que leur prédiction est sur le point de se réaliser. Sous peu, nous
disent-ils, l’anomalie actuelle laissera la place à la normalité sous la forme de jets de pierres,
cocktails Molotov, tirs à l’arme à feu, charges explosives et voitures piégées. Comme leur
déception est grande lorsqu’ils s’aperçoivent que, pour le moment, nous ne voyons que de
maigres flammèches.
Cette semaine, de hauts gradés au sein de Tsahal ont fait l’éloge de la retenue des forces de
sécurité, comme si nous n’avions pas tiré la leçon de cette doctrine de la retenue qui était
celle de l’échelon politique et des responsables militaires au début des années 2000, et plus
tard, lorsque des missiles étaient tirés depuis la bande de Gaza !
On oublie bien vite que lors de ces longues années de retenue, plus de 1.000 juifs ont été
tués, que plusieurs milliers ont été blessés et que les Israéliens, la peur au ventre et le
désespoir dans les yeux, souffraient de dépression tandis que l’économie était quasiment
paralysée.