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Sur le plan extérieur, on vous a souvent reproché d'être un sioniste, exagérément attaché à Israël. Qu'en est-il ?
Il n'y a aucun doute que je suis résolument attaché à l'existence d'un Etat-nation pour le peuple juif sur sa terre historique. Donc aux réalisations du sionisme. J'aurais beaucoup de mal à faire le départ entre ma sensibilité affective personnelle et le fait que je sois, de manière générale, un défenseur de l'identité et du droit pour chaque peuple de bénéficier de la protection physique et culturelle d'un Etat-nation démocratique. Je le défends résolument pour chaque peuple, français, algérien, tibétain et même arabe de Palestine pour autant que ce dernier ne milite pas comme il le fait depuis un siècle avec une belle constance pour la destruction de l'Etat-nation du peuple juif.
Sur le plan personnel, je me suis construit affectivement sur le terreau de l'antisémitisme chrétien et dans le souvenir, sans jouissance ostentatoire, de ce qu'avait été le sort de ceux qui m'avaient précédé et qui n'avaient pu bénéficier de la protection effective d'un Etat refuge. Je reconnais que les réalisations, y compris militaires, de l'Etat juif ont redonné une fierté, parfois excessive, à un judaïsme diasporique, qui, croyez-moi, faisait moins étalage de sa judéité il y a un demi-siècle. C'est la dette que je paye sans barguigner. J'ajoute enfin que même si, d'évidence, la politique gouvernementale israélienne ne saurait être exempte, par essence, de reproches, la détestation de l'Etat juif me paraît tellement extravagante, obsessionnelle et disproportionnée, qu'elle ne fait que renforcer ma détermination d'avocat de cette cause existentielle.
Où voyez-vous de la disproportion ou de l’acharnement injuste ?
Je me bornerai aux exemples les plus récents : songez que les massacres en Syrie depuis le début de la guerre ont causé près de trois fois plus de victimes que l’histoire du conflit israélo-palestinien ! Ainsi que je l’ai fait remarquer à plusieurs reprises, les belles âmes de gauche indignées, les grands amoureux français des peuples arabes, keffiéh autour du cou, les Mgr Gaillot, Stéphane Hessel, Alain Besancenot et consorts n’ont pas usé une seule fois leurs escarpins sur les pavés parisiens. Vous voudrez bien comparer leur silence et leur passivité avec les manifestations monstres organisées à Paris lorsqu’Israel a été conduit à riposter aux attaques de roquettes du Hamas.
Vous voulez un exemple encore plus frais d’acharnement injuste ? Je lis Le Monde, et notamment sa couverture du conflit proche-oriental, depuis 40 ans. Je jure que jamais ce journal, lorsque il a rendu compte d’un article d’un journal israelien, n’a donné à ses lecteurs autre chose qu’un point de vu anti-gouvernemental. Cette semaine, le grand journal The Jerusalem Post, a publié un article d’un important journaliste arabe-israelien nommé Khaled AbuToahmeh, celui-ci fait le procès en règle de la corruption, de l’atteinte aux liberté, et de la duplicité politique de l’Autorité Palestinienne. La semaine dernière, un des plus importants blogueur égyptien laïc, très critique envers les frères musulmans s’est rendu en Israel dans un geste de concorde.
Le Monde n’a pas parlé et ne parlera pas de ces deux sujets, tous deux traités dans la presse anglo-saxonne. On me demande parfois s'il n'y a pas une contradiction chez moi, le contempteur de l'antiracisme professionnel et obsessionnel à reprocher aux antisionistes leur antisémitisme. Mais, je récuse la formulation de cette question biaisée : contrairement à ce que les pratiquants de l'anti-israëlisme obsessionnel feignent de penser, il est rare, et pour tout dire exceptionnel, que je leur reproche leur antisémitisme. On peut détester pathologiquement Israël pour bien d'autres raisons : l'ignorance, la stupidité, la méchanceté, la détestation de l’être et de l'Etat-nation occidental par exemple. Ces défauts me viennent naturellement à l'esprit, avant l'antisémitisme qui n'est peut-être pas le pire…
Cependant une perversion intellectuelle s'est construite qui voudrait que ces gens bénéficient, précisément en raison de leur antisionisme, d'un brevet indiscutable de philo-sémitisme, bien dans la tradition d'insoupsonnabilité du gauchisme immaculé.
Or, on peut être ignorant, méchant ET antisémite. On peut être antisioniste ET antisémite, je pense même que ça doit aider…
En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/gilles-william-goldnadel-qui-m-anime-598420.html#9kUFc1K6osE9T4Pz.99
on va se cotiser et lui payer une coupe de cheveux