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Marre de l'anti-politiquement correct. Et marre de toutes les saloperies qu'il nous faut, quotidiennement, supporter au nom de la liberté d'expression et du refus de la pensée dite unique. Dernière en date de ces vilenies: la pétition lancée, sur le Net, pour obtenir de LCP, La chaîne parlementaire, qu'elle se sépare du journaliste Frédéric Haziza au motif que celui-ci travaille aussi pour une radio juive dont le "tribalisme" (sic!) serait incompatible avec l'esprit de service public. Pour moins que cela, quand l'écrivain Renaud Camus entreprenait de compter les juifs employés par France Culture, l'intelligentsia s'était enflammée. Là, on voit ressurgir tel responsable d'un groupe néonazi dissous; tel ancien comique reconverti dans l'antisémitisme militant; des anciens gauchistes passés chez Le Pen puis s'en étant séparés au motif qu'il n'est plus assez à droite pour eux; tout ce petit monde est en train de mettre le feu à la Toile, de multiplier les tweets assassins réclamant la tête d'un juif désigné comme tel, de poster des vidéos racistes dont les dizaines de milliers de "Vu" sont affichés comme autant de tonitruants bulletins de victoire; et, face à cette marée noire (ou, ce qui revient au même, rouge-brune), face à ces miliciens du Net (ces skinheads de la sous-pensée?), personne, ou presque, ne bouge. Faut-il fermer ces sites qui, même intellectuellement indigents, énoncent ou relaient le pire? Faut-il les contraindre à respecter la loi qui, en République, proscrit, comme chacun sait, la libre expression de l'antisémitisme et l'incitation à la haine raciale? Ou faut-il exiger des agrégateurs de contenus et autres réseaux sociaux dont les robots ramassent indistinctement un éditorial du Monde et une élucubration sur les "escrocs à la Shoah", qu'ils fassent euxmêmes la différence entre opinion et appel au meurtre? Ils en ont les moyens, non seulement financiers, mais techniques. Les Twitter, Facebook et autres Google sont parfaitement équipés pour, s'ils le veulent, refuser de reprendre un commentaire ou un message incendiaires. Et aucune fatalité technologique ne pourra être invoquée pour expliquer qu'un homme puisse, journaliste ou non, être la cible d'un lynchage électronique. La question, désormais, est posée. Et il faudra bien que l'opinion éclairée d'abord, puis les pouvoirs publics et les tribunaux, y apportent une ré- ponse claire. Sauf à se résigner à ce que cette nébuleuse rouge-brune qui, à la façon des "sections bifteck" allemandes de l'époque de Giraudoux, n'annonce jamais que la bêtise et la haine, élise domicile dans le deep web, y fasse souche et y trouve la résonance que les médias traditionnels lui avaient toujours refusée.""""""
bhl pour www.lepoint.fr
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