P. Gaubert : A aucun moment il ne fut question de la paix

Patrick Gaubert : A aucun moment il ne fut question de la paix [à la conférence internationale de soutien de la société civile à une paix israélo-palestinienne]
6 septembre 2007 - Propos recueillis par Stéphanie Lebaz | CRIF


Patrick Gaubert, député européen et président de la Licra, était présent à la conférence de Bruxelles les 30 et 31 août derniers. Il nous confie ses impressions et appelle à la vigilance.


Question : Vous étiez présent à la conférence internationale de soutien de la société civile à une paix israélo-palestinienne organisée les 30 et 31 août à Bruxelles par le Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables des Palestiniens. Des appels au boycott et à l’isolement international d’Israël ont été lancés. Plus qu’un sommet pour la paix dans la région, ne s’agissait-il pas d’une campagne de diabolisation d’Israël ?

Réponse : Sous une apparente modération, ce ne fut que cela et la diabolisation aussi de ceux qui soutiendraient Israël en commerçant avec lui, Etats ou entreprises privées qui se voient menacées de boycott ou de sanctions.

A aucun moment il ne fut question sérieusement de la paix sauf à faire passer la recherche de la paix par la seule contrainte d’Israël, Etat qui agit, selon eux, en toute illégalité par rapport au droit international et à la lecture qu’ils en font, appelant ainsi à l’application des résolutions « pertinentes » (celles qui condamnent Israël), les autres n’étant pas pertinentes.
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franchement Bernadette, tu pensais qu'ils allaient parler paix à Bruxelles, et antiracisme à Durban?

Aujourd'hui, j'ai ete au premier cours sur l'Islam que je vais suivre cette annee dans l'universite du 3e age de la Vallee du Jourdain.
Et j'ai appris qu'il y avait en arabe plusieurs mots designant la paix, et que ces mots n'etaient pas du tout des synonymes, mais des degres differents de la paix.

Entre autre, les Arabes parlent de "negociations", ce qui signifie qu'il y a un cessez-le-feu temporaire qui peut etre brise si ces "negociations" n'aboutissent a rien. Puis il y a le cessez-le-feu, qui comme son nom l'indique, n'entraine pas de relations quelconques avec l'ennemi, et qui peut etre rompu des le moment ou l'une des deux parties croit etre assez forte pour battre l'autre.

Ensuite, il y a, parmi d'autres notions, la paix, salaam. Cette paix est un cessez-le-feu double de possibilites de relations entre les dirigeants ou meme des relations commerciales et culturelles. Mais ce n'est pas l'acceptation et la reconnaissance de l'autre. Ca s'appelle le "sulh", et pour cela les deux parties doivent etre a pied d'egalite, c'est-a-dire, que les deux parties doivent etre musulmanes.

Ainsi, il est bien evident qu'il n'y aura jamais de sulh avec Israel ou meme entre l'Iran chiite et les pays arabes sunnites, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'egalite entre les deux parties.

Ainsi, quand en 1967, apres la Guerre des 6 Jours, en juillet de la meme annee, le gouvernement israelien proposa aux Etats arabes de se retirer de tous les territoires sauf de 70 hectares a Jerusalem contre la signature d'un traite de paix (salaam , sulh?), les Arabes se reunirent a Khartoum fin aout 1967 et en mi-septembre, apres de laborieuses negociations, ils declarent: Non, non et non.
Non aux negociations, non a la paix, et non a la reconnaissance (en arabe, c'est plus logique et plus ordonne: pas de cessez-le-feu, pas de salaam, pas de sulh).

Depuis, beaucoup d'eaux ont coule dans le Jourdain et dans le Nil, et nous avons un traite de paix signe avec l'Egypte en 1979 et abec la Jordanie en 1994. En Israel, on se plaint que la paix soit "froide". Nous nous imaginions que la paix serait l'etat de coexistence existant entre la Suisse et le Liechtenstein, ou entre la France et Monaco. En fait, les Egyptiens et les Jordaniens appliquent tous les details des traites de paix exactement comme ils ont ete ecrits, pas plus, pas moins. Deja Begin avait fait observer a Sadate cette anomalie et Sadate lui avait repondu que si Begin cherchait a obtenir un accord de sulh, il devrait d'abord persuader les citoyens juifs d'Israel et Begin en tete de se convertir a l'Islam, et apres, on verrait bien!

Guitl, franchement non !
Mais c'est ce qui risque de s'écrire.