Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les risques d’embrasement entre Israël et la Syrie. Si des déclarations menaçantes voire belliqueuses au sujet du plateau du Golan n’ont pas manqué au cours de l’été, il semble qu’un cap a été franchi dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 septembre.
En effet, jeudi matin, l'armée syrienne a indiqué que des avions israéliens avaient violé l’espace aérien syrien et bombardé des cibles non identifiées sur leur territoire. Le porte-parole de l'armée syrienne a mis en garde « le gouvernement israélien ennemi contre cette agression flagrante et se réserve le droit de réagir de manière appropriée ».
L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire après cette annonce, transmise par l'agence Sana, l’agence de presse officielle syrienne. Une enquête a été diligentée par Tsahal, dont les conclusions n’ont pas encore été rendues, mais déjà le Président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset a indiqué qu’Israël « n’était pas sur le pied de guerre ».
De son côté, le ministre de l'Information syrien, Mohsen Bilal, a publié un rapport concernant l'infiltration de l’avion israélien dans l'espace aérien de la Syrie. Aucune information technique n’est donnée, aucun élément précis n’est rapporté, et le rapport conclut simplement que « le président syrien avoue n'avoir aucune confiance dans le gouvernement israélien »… Quant à Bilal, il qualifiait Israël de « traitre qui porte la guerre à ébullition »…
Déjà, jeudi dans l’après-midi, il fallait comprendre que les accusations syriennes alimentent diatribes et polémiques plus qu’elles ne se fondent sur une réalité militaire. Elles contribuent essentiellement à désigner Israël comme un agresseur potentiel dont il faut se méfier… Alors que l’Iran poursuit une nucléarisation dont les représentants israéliens ne savent plus comment convaincre leurs alliés occidentaux des dangers qu’elle représente, et que Gaza tire chaque jour des salves de missiles sur Sdérot et ses environs, le gouvernement syrien a déclaré jeudi soir que la Syrie ne se laisserait pas entraîner dans une guerre dont le moment et la méthode lui seraient imposés par Israël et les Etats-Unis : « Nous avions la possibilité de riposter sévèrement, mais nous avons opté pour la modération »…
Sur le plan diplomatique, les conséquences des fantaisies syriennes risquent de coûter cher à Israël. Romano Prodi, le Premier ministre italien, s’est dit « profondément préoccupé par l’incursion d’avions de chasse israéliens dans l’espace aérien syrien », lors d’une conférence de presse qu’il tenait à Rome en compagnie du vice-président syrien Farouk Al-Chareh, appelant à apaiser les esprits dans la région.
Profitant de la stratégie victimaire syrienne, l’Iran s’est empressé de déclarer qu’elle se tenait prête à offrir toute l’aide nécessaire à Damas ; et si les Américains se sont abstenus de tout commentaire sur le sujet, la Russie a déclaré qu’elle espérait qu’Israël ne ferait plus d’incursion dans l’espace militaire syrien.
En conséquence, plusieurs déclarations israéliennes exprimaient la crainte que de nouveaux contrats d’armements soient signés entre la Russie et la Syrie, insistant sur le fait que « tout ce qui parvient à Damas, parvient finalement au Hezbollah »…
Quant au Premier ministre libanais Fouad Siniora, directement concerné par les dangers de la diplomatie syrienne, redoutant d’être une nouvelle fois associé malgré sa volonté à un conflit armé, il demande à la Syrie de « redoubler d’efforts pour déjouer la contrebande d’armes à destination du Hezbollah », exprimant pour la première fois de façon claire « avoir toujours souligné la nécessité d’un contrôle à la frontière par nos frères syriens »…
Accusé dans un rapport publié cette semaine par l’organisation « Human Rights Watch » d’avoir tiré sur des personnes civiles au cours de la dernière guerre du Liban, alors que dans son précédent rapport, publié la semaine passée, l’organisation de défense des droits de l’homme dénonçait la stratégie du Hezbollah d’utiliser des personnes civiles comme de véritables boucliers humains.
Israël, mène tant bien que mal tous les efforts possibles pour « ramener à la maison » pour le Nouvel an juif ses « garçons » retenus en otage depuis quatorze mois.
L’urgence des pourparlers diplomatiques s’explique sans doute par la pression qu’exerce la Syrie en inventant des scénarios accusant Israël, pour mieux l’entraîner dans un conflit redoutable : comment récupérer les soldats qui croupissent certainement dans la prison de Mazé, celle que Bashar El-Assad avait promis de fermer après la mort de son père, en signe d’apaisement…
Le pape Benoît XVI, qui a reçu Shimon Peres jeudi 6 septembre au Vatican, s’est pour la première fois engagé à intervenir auprès du chef du Hezbollah en faveur de la libération d’Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev…
Quant à Guilad Shalit, le Comité International de la Croix Rouge n’a pas réussi à convaincre le Hamas d’autoriser quelque visite.
Depuis quatorze mois, la Syrie continue d’alimenter le Hezbollah en armes et empêche directement toute progression dans les négociations qui visent le retour des soldats kidnappés.
Depuis quatorze mois, la Syrie menace de se venger ou de résister à une imaginaire agression israélienne.
Depuis quatorze mois, la rédaction de Guysen rappelle le désespoir des soldats Guilad Shalit, Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser.
Depuis quatorze mois, la Syrie se comporte en « Etat voyou ».
Le premier danger de la « diplomatie syrienne » est bien la guerre. Notre connaissance de la région, nous permet d'affirmer, que nous nous devons de prendre très au sérieux les dernières évolutions entre les deux pays.
Dans les jours ou les semaines à venir, le moindre incident sur le terrain risquera d'entraîner une guerre qui risque d’être terrible, et dont nul ne peut aujourd'hui mesurer les conséquences.
Chabbat Shalom, Chana Tova...
Guy Senbel.
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