Par Lévy Gabriel
Un prince charmant réussira-t-il à sortir la France d’un sommeil de 30 ans?
Trente ans, parce que les chefs d’état qui se sont succédés n’ont eu de cesse, face à une France malade, de la tenir endormie. Au moindre soubresaut, ils procédaient à l’administration d’une nouvelle dose de neuroleptique ou d’euphorisant: «avancées» sociales, subventions, garanties de statut, réductions des horaires de travail… sans oublier le sport. Si la religion était pour Marx «l’opium du peuple», le foot-ball est aujourd’hui la drogue douce, le cannabis.
Des générations d’hommes politiques se sont ainsi voués à utiliser ces thérapeutiques. Quant à la promesse d’être économe, de réduire la dépense publique, de baisser les taux d’imposition, au fil de leur mandat, « ils retiraient pour subsister, ce qu’ils avaient promis pour exister» (1).
Trente ans de retard ! Et quand la nouvelle équipe nous promet la moindre réforme, il est frappant de constater qu’elle est obligée de l’argumenter par des exemples tirés de nos voisins. S’agit-il de la TVA sociale, de la réforme de l’enseignement, de celle de la justice? Ils sont obligés de rappeler que tel pays ou tel autre ont adopté avec succès ces réformes depuis de nombreuses années et confirment ainsi le fait que la France est à la traîne.
Pour combler ce retard, certains ministres font preuve d’autorité, d’autoritarisme selon les détracteurs. Il est vrai que s’il faut d’abord expliquer à nos concitoyens les solutions proposées, il est devenu inutile de s’attarder sur les origines de nos maux. Ils les connaissent parfaitement et ils ont désigné l’équipe qui leur semblait la plus apte à mettre en pratique quelques réformes. Ils savent bien enfin qu’elles ne se feront pas sans quelque douleur.
Pour ce faire, il peut-être utile d’ouvrir la porte à ceux qui ne sont pas d’accord sur tout, avec l’équipe dirigeante. Encore faut-il qu’ils le soient sur l’essentiel. Encore faut-il aussi récuser les caciques en demi-solde, toujours pétris de théories économiques conformistes, forcément anti-libérales, et déjà responsables de notre stagnation. M. Attali , «sherpa» de M. Mitterrand avec le succès que nous connaissons, était-il le plus apte à découvrir les freins à la croissance?
Il est nécessaire d’éliminer les scories et, à cet égard, nous nous interrogeons sur l’intérêt de la commande (probablement onéreuse) d’un rapport à M. Hubert Védrine pour énumérer des poncifs, des vœux pieux, et apprendre, pour finir, que la politique étrangère, adoptée avant mai 2007 ne devait pas être modifiée de façon substantielle. Il faut prendre garde à ce que bientôt les Français entonnent le couplet de Madame Angelot («ce n’était pas la peine, ce n’était pas la peine assurément de changer de gouvernement»).
Réformer. L’espoir ne doit pas s’éteindre. «Tout le monde disait que c’était impossible. Et puis est venu quelqu’un qui ne le savait pas …et qui l’a fait» (2).
1- Paul Valéry, in Alain Peyrefitte: «Encore un effort, Monsieur le Président». JC Lattes 1985.
2- Professeur Pierre Ambroise-Thomas, Président de l’Académie Nationale de Médecine. Allocution de remerciements pour son élection (2007).
source :
objectif-info