Dire que j'ai eu mon bac philo grace a Heidegger!
Pendant les vacances de Paques 1966, je trouvai un bouquin de Heidegger a la bibliotheque de la minicipalite communiste de la banlieue parisienne ou je residais. Je decidais sur le champ de faire une "impasse" sur tous les autres philosophes, et de me plonger dans l'oeuvre d'Heidegger. Je passais mes 15 jours de vacances a potacher sur cela, entoure de dictionnaires et d'un alphabet grec.
J'ai eu de la chance: en epreuve ecrite de philo, j'avais, en autre, un sujet sur Descartes. J'utilisais la methode de pensee d'Heidegger ce qui me valu une note de 14 sur 20. A l'oral, je choisissais innocemment les Meditations de Descartes et je fis rebelote. La prof qui m'interrogea, m'interrompa et me demanda si j'avais recu 14 a l'ecrit. J'avouai. Elle me laissa continuer et me donner 16 sur 20, en pretextant que personne ne donnait 20 sur 20 en philo. Et comme cette matiere etait dominante dans mon bacc avec un coefficient combine de 7, je n'avais plus qu'a m'assurer de ne pas recolte un facheux zero dans les autres matieres.
A la fac, je tombais de nouveau sur Heidegger par l'entremise de l'un de ses plus grands eleves, le Professeur Jean Beauffret. Rompu a la discipline, je brillais particulierement.
Ce n'est que bien plus tards que je tombais de haut: Heidegger avait ete un salopard nazi, profitant de ses accointances politiques pour chasser Edmund Husserl de sa chaire, tout en continuant a maintenir une histoire d'amour avec la philosophe juive Hannah Arendt.