Les Printemps arabes qui avaient commencé il y a trois ans en Tunisie se terminent en cette fin janvier, en Tunisie également, par le retrait des islamistes et l’adoption d’une constitution démocratique. On peut y voir soit la victoire, soit la récupération de la révolution tunisienne, qui a réussi à la fois à se débarrasser du dictateur Ben Ali et du projet du parti islamiste Ennahda [mouvement de la renaissance] d’imposer au pays la charia, la loi coranique.
Plus important encore, la nouvelle constitution – dont les détails n’ont toujours pas été rendus publics – a été votée par les parlementaires tunisiens, certes après de très longues discussions, mais sans intervention étrangère directe. Si les choses se concrétisaient avec la réalisation du projet d’organiser cette année encore des élections présidentielles libres et démocratiques, suivies d’élections générales, ce petit pays maghrébin, et ses onze millions d’habitants, deviendrait le premier Etat musulman authentiquement démocratique.
Encore plus important : le renversement de Ben Ali, même s’il a conduit à trois années de désordres, à des violences contenues et à quelques assassinats politiques, n’a jamais dégénéré en guerre civile, comme celles qui ravagent la Libye voisine, le Yémen, la Syrie et l’Egypte. On le doit à la tradition de non-violence des Tunisiens, à l’autodiscipline de l’Armée, de la police et des services secrets, qui ne se sont pas mêlés de politique, à la proximité économique et politique avec l’Europe, mais surtout, à l’attachement des habitants pour leur pays.
On a aussi observé que les islamistes ne possèdent pas les capacités de gouverner un pays moderne. Bien que disposant de la majorité des sièges à l’Assemblée Constituante, ils ont finalement accepté de quitter le pouvoir, ce que le leader d’Ennahda a qualifié de "choix éthique".
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