Jour de colère ” : enquête sur l’extrême droite Black-Blanc-Beur
Un mois après la décision du Conseil d’Etat de maintenir l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, la question quenelle, droite extrême, Soral et consorts est-elle enterrée ? Pas vraiment, à en juger par la virulence — la violence inquiétante et infâme — de la manifestation “ Jour de colère ” du 26 janvier. Dans son “ enquête sur l’extrême droite “ Black-Blanc-Beur ” ”, “ Le Point ” souligne que “ La plupart ont défilé un ananas à la main, multipliant les quenelles, chantant “ La Marseillaise ”, hurlant : “ Liberté pour Dieudonné ”. Le défilé n’était pas “ Black-blanc-beur ” — concept cher à la gauche antiraciste, qu’ils abhorrent —, mais regroupait “ des Français blancs, arabes et noirs ”, selon la définition d’un soralien. Incroyable alliance, dans l’histoire des défilés de rue, qui met ensemble, derrière la même banderole, avec un même geste de ralliement — la quenelle —, des catholiques versaillais, passés par le scoutisme et issus de l’ultra-droite, et des jeunes d’origine maghébine et afro-antillaise, anciens potes de SOS Racisme. Leur ciment, “ la patrie ”, disent-ils, en fait, la haine des juifs ”… Tous antisémites, donc… peut-être pas, d’ailleurs, pour les mêmes raisons. C’est à noter : “ Le Point ” ne se pose pas la question. Le magazine, en revanche, relève, deux constantes dans ce qu’il appelle “ le virus antisémite ”…
Les deux constantes du “ virus antisémite ”
“ Nul n’ignore, écrit Jean-Paul Enthoven, que le virus antisémite a souvent muté au cours des âges. Et que sa nature est fort différente selon qu’il infecte l’âme d’un contemporain de Saint-Louis ou celle d’un dieudonniste de banlieue. Il est cependant troublant de repérer au moins deux constantes dans cette pathologie qui n’a pas encore trouvé son remède. Primo : les antisémites d’hier et d’aujourd’hui carburent également à cette “ causalité diabolique ” dont Léon Poliakov se fit jadis l’exégète et pour laquelle tout événement dramatique (peste, puits empoisonné, pluie de crapauds, crise sociale, manipulation médiatique, etc.) fait du juif le chaînon manquant entre une calamité et son explication. Secundo : plus étrange, plus propice à une très aléatoire psychologie des profondeurs, l’autre constante semble établir, chez l’antisémite de base, un lien torve, mais sans cesse illustrable, entre sa phobie et une déconvenue d’ordre privé ”.
Les “ constantes ” de l’antisémitisme illustrées : de Céline et Drieu La Rochelle à Dieudonné — et Alain Soral
Et Enthoven d’en donner des exemples dans l’histoire passée : “ Louis-Ferdinand Céline, qui devient explicitement obsédé par le “ youtre ” dès le jour, voire l’heure, où un certain Lehmann, directeur du Châtelet, lui refuse le livret du ballet qu’il avait écrit pour Lucette Almanzor… Ou Drieu La Rochelle, antisémite à partir de son mariage avec la juive Colette Jéramec, détestable à ses yeux car plus riche que lui, et dont le sexe, dès lors, se confond fantasmatiquement avec “ un portefeuille ” ”. Mais l’écrivain-journaliste illustre aussi son point par des exemples plus récents : “ M. M’bala M’bala ne se voulut-il pas, de son propre aveu, persécuté par des sionistes dès qu’un juif refusa de produire son film sur la traire négrière ? Quant à Alain Soral, il n’eut pas honte d’avouer que son allergie au “ complot judéo-sioniste ” remontait au jour où Pivot l’écarte d’ “ Apostrophes ” au profit du coauteur (juif, of course…) avec lequel il venait de signer, en 1984, un essai sur les modeux ”.
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