Pour ce dernier Chabbat avant le 9 Av, nous lisons comme Haftarah le premier chapitre du livre d´Isaïe.
Il a vécu bien avant la destruction du Temple. Son esprit prophétique lui a cependant permis de décrire l´existence et la destinée d´Israël, sa position au milieu de l´humanité, la grandeur de ses devoirs et la profondeur de sa chute. En rappelant annuellement cet évènement tragique de notre histoire, le Juif est invité à réfléchir aux causes de la destruction du Temple ; Elles se ramènent toutes à la désobéissance aux lois de la Torah. Cette révolte permanente d´Israël contre Dieu ne consiste pas dans l´absence de sacrifices, de prières ou dans la non célébration des solennités religieuses, comme le dit Isaïe (1 :11-15) je cite :
«Que m'importe la multitude de vos sacrifices? Dit le Seigneur. Je suis saturé de vos holocaustes de béliers, de la graisse de vos victimes; le sang des taureaux, des agneaux, des boucs, je n'en veux point. Vous qui venez vous présenter devant moi, qui vous a demandé de fouler mes parvis? Cessez d'y apporter l'oblation hypocrite, votre encens m'est en horreur: néoménie, sabbat, saintes solennités, je ne puis les souffrir, c'est l'iniquité associée aux fêtes! Oui, vos néoménies et vos solennités, mon âme les abhorre, elles me sont devenues à charge, je suis las de les tolérer. Quand vous étendez les mains, je détourne de vous mes regards; dussiez-vous accumuler les prières, j'y resterais sourd: vos mains sont pleines de sang.».
Il s´agit bien plus du rôle moral et spirituel que nous inspire la Torah et que nous refusons trop souvent d´assumer.
« Ecoutez, cieux! Terre, prête l'oreille! Car c'est l'Eternel qui parle: J'ai élevé des enfants, je les ai vus grandir, et eux se sont insurgés contre moi. » (Isaïe 1 :2)
Le prophète Isaïe, tout comme l´avait fait Moise à la fin de sa vie, prend ici les cieux et la terre à témoin, pour prononcer son réquisitoire contre Israël coupable. Ces témoins ne sont pas fortuits. Ils existent par la volonté de Dieu, ils assurent sans défaillance leur rôle pour le bien de l´humanité. De même Israël, nation choisie par Dieu doit rester fidèle à Dieu.
La paraphrase de ce texte amène à l´explication que la faute d´Israël n´en est que plus lourde. En possession de la Torah, Israël doit être rempli de reconnaissance pour tous les égards dont il a été l´objet de la part de Dieu. Même des animaux dépourvus d´intelligence, savent reconnaître le Maître qui s´occupe d´eux.
Ajoutons que pour nous pénétrer encore plus de la reconnaissance due au Créateur, il nous suffit de penser à toutes les œuvres réalisées en faveur d´Israël. Notre survie dans l´exil malgré d´intenses persécutions, la résurrection du pays de nos ancêtres, s´inscrivent merveilleusement dans cette longue série. En faire la constatation, c´est aussi reconnaître l´auteur de ces œuvres.
« Sion sera sauvée par la justice, et ses pénitents par la vertu. » (Isaïe 1 :27)
Tout le premier chapitre du livre d´Isaïe est consacré à la mise en jugement des fautes commises par Israël. Elles sont surtout d´ordre social et relèvent aussi de l´hypocrisie religieuse. Ce que le prophète note ici, est repris par la tradition juive, qui pour Yom Kippour , nous demande de réparer les fautes commises envers Dieu, aussi bien qu´envers les hommes.
Pour la restauration totale de Jérusalem, le verset en indique clairement les conditions indispensables, la droiture et la justice. A y réfléchir sérieusement, on conviendra que nous en sommes aujourd´hui encore très loin contrairement à ce que prétendent nombres de metteurs de charrue avant les bœufs
Article inspiré des commentaires des Haftarot par le Grand Rabbin Alain Goldman, de « l´essence du prophétisme » par André Neher et de l´«Histoire biblique du peuple d´Israël» (Tome II.)