Guy Konopnicki
Le présentateur de Soir 3 qui reçoit Edwy Plenel vendredi lui demande : pour vous, les musulmans sont des cibles ? Des cibles... Il y a en eu 17, dont un policier certes de confession musulmane, mais abattu en tant que serviteur de la République laïque. Mais comment peut-on avoir l'indécence d'employer le mot "cibles", à propos des musulmans, quand les tireurs prétendaient venger leur prophète ? Plenel, égal à lui-même, accuse la laïcité "agressive", qui serait responsable des dérives, en refusant le voile à l'école et en imposant un enseignement laïque de l'histoire, entre autres choses. Suit un discours misérabiliste sur le traitement de l'immigration maghrébine. Le même que nous avons entendu la veille chez Pujadas, répété sur toutes les chaînes. Or, les immigrations précédentes n'ont pas bénéficié de logements, même en des quartiers isolés. Les Portugais des années 60 vivaient dans les bidonvilles, de Nanterre ou de Champigny. Ceux qui bossaient comme artisans ou travailleurs indépendants n'avaient pas droit à la sécurité sociale. Il n'y avait ni RSA, ni CMU. Moins encore de ZEP, où l'Etat concentre des moyens pour aider les plus défavorisés. Je veux bien admettre que l'on ne fait pas assez, ou que les fonds ainsi dépensés sont mal gérés ou mal orientés. Mais dans les trente dernières années l'Etat et les collectivités locales ont consacré des sommes colossales à l'aide aux enfants de l'immigration. Il s'agit de justice sociale et bien sûr, c'est le rôle de l'Etat républicain. La contrepartie, ce que toute personne vivant en France, et bien sûr tout citoyen, doit accepter la règle commune, qui est la laïcité. Oser prétendre que cette exigence relève de la laïcité "agressive", quand la laïcité vient de subir une agression d'une violence inouïe, c'est une ignominie. C'est une manière de nous rendre responsables du terrorisme que nous subissons.