par Guy Carlier
«On ne le dénoncera jamais assez, et pourtant cela ne cesse toujours pas; la bête est partout. Elle hurle, elle tue et le monde lui trouve encore des excuses ! » C'est en ces termes que Léon Cherc introduit ce petit chef-d'oeuvre de Guy Carlier, qu'il adresse à notre correspondante, Roseline L., laquelle en fait profiter notre site et ses internautes. Oui, "La jeune fille au violoncelle est un texte aussi poignant que superbe. Moi, il m'a tiré des larmes... Puisse-t-il embuer les yeux et percer les coeurs de millions d'hommes et de femmes droits et sincères, de par le monde et contribuer à ce que le "plus jamais ça" devienne une réalité. (Menahem Macina).
Ce pourrait être Clara en route vers la déportation...
Février 1942
Une jeune femme, encombrée d’un étui de violoncelle qu’elle serre maladroitement contre elle, monte dans le tramway de Pessac à Bordeaux. Elle se dirige vers l’avant du tram, là où restent toujours des places libres, en provoquant sur son passage les quolibets obscènes des ouvriers de la base de sous-marins et les grognements des autres passagers, endormis et frigorifiés, qu’elle heurte de son volumineux bagage.
Elle finit par s’asseoir près de la fenêtre, tenant toujours son étui de violoncelle serré contre son corps. En face d’elle, un jeune homme portant des lunettes de myope l’a observée pendant qu’elle s’asseyait mais, par timidité, il a détourné la tête dès que le regard de la jeune femme a croisé le sien et il semble maintenant complètement absorbé par la banlieue bordelaise qui défile.
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