par Michael Chabon
On connaissait déjà Michael Chabon, jeune auteur qui s’inscrit dans la lignée des écrivains juifs américains, pour son roman Les extraordinaires aventures de Kavalier & Clay, (Prix Pulitzer en 2001). The Yiddish Policemen’s Union (Le Syndicat des policiers yiddish) vient de sortir aux Etats-Unis et est déjà un succès.
Policier-fiction, voilà comment on pourrait qualifier ce roman. L’hypothèse de départ est bien dans le style provocateur de Chabon : et si, après la Shoah, l’Etat d’israël n’avait pas survécu aux attaques des armées arabes ? Les Etats-Unis auraient alors concédé, pour une durée de 60 ans, une partie du territoire de l’Alaska, avec la ville de Sitka pour capitale, pour accueillir la population juive survivante, environ 3 millions de personnes.
Histoire policière avec un meurtre, un détective, Meyer Landsman, sa mauvaise humeur et ses coups durs, son demi-frère, son ex-épouse, et toute une gallerie de personnages extraordinaires choisis parmi les sectes religieuses juives qui ont pris le pouvoir, telles de véritables mafias. La victime, fils d’un rabbin miraculeux, était reconnue par tous les juifs de Sitka comme le futur messie. Qui a bien pu vouloir le faire disparaître ?
Au-delà de l’intrigue policière très bien menée, le sel de ce roman est bien sûr dans la description de cet univers juif imaginaire, où le yiddish est la langue officielle, où l’hôtel s’appelle Zamenhof, comme le créateur de l’esperanto, et les rues portent des noms de poètes yiddishs. La langue utilisée par les protagonistes est un délicieux mélange d’anglais et de yiddish et quand un personnage lance un juron, l’auteur précise qu’il le fait "in American".
Un magnifique exercice de style, avec beaucoup de drôlerie, des scènes d’action et de désespoir, et en arrière-plan une légère inquiétude : et si tout cela devenait vrai ?
d'après Rachel