Mohsen Bilal, le ministre syrien de l’Information, tient en ce moment une conférence de presse des plus virulente, qui laisse prévoir une escalade dans la région.
Le ministre syrien a lancé une offensive médiatique tout azimut, contre la politique américaine, critiquant, avec une virulence inhabituelle, la tournée régionale de George Bush. « En se rendant dans la région, le président américain a donné son feu vert à Israël pour accélérer ses massacres contre les Palestiniens », a souligné le ministre syrien. Mohsen Bilal a estimé que « Washington a enterré l’initiative de paix arabe, en supprimant au retour des réfugiés palestiniens dans leur patrie, et en légitimant la colonisation israélienne de la Cisjordanie ».
En outre, Bilal a vivement critiqué les tentatives américaines visant à mobiliser les Arabes contre l’Iran, et affirmé que « les peuples arabes ne se laisseront pas manipuler et ne croiront plus ni le discours américain ni les promesses de démocratisation. Les peuples arabes refusent d’être achetés ou vendus... » a-t-il précisé, avant d’évoquer la crise au Liban.
A ce sujet, Mohsen Bilal a rejeté tous les appels lancés par les pays arabes et par la communauté internationale à la Syrie pour exercer des pressions sur ses alliés au Liban, en vue de parvenir à une solution à la crise. Pour lui, « l’opposition libanaise n’est pas un outil aux mains de la Syrie pour que celle-ci puisse la manipuler et infléchir ses décisions ». Au contraire, Mohsen Bilal invite les autres pays à user de leur influence sur la majorité pour lui imposer la solution.
En haussant le ton, la Syrie confirme sa politique de confrontation et verrouille définitivement la porte devant toutes les médiations concernant le Liban, alors que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est attendu cet après-midi à Beyrouth, et doit se rendre en Syrie. Mais le plus dangereux reste sa volonté de mobiliser les peuples arabes contre les régimes qui composent avec les Etats-Unis, qui accueillent le président Bush, et qui le soutiennent dans sa campagne contre l’Iran. La rupture entre la Syrie et son environnement arabe semble irréversible, ce qui met en péril le prochain sommet de la Ligue arabe, prévu à Damas en mars prochain. Plusieurs pays dont l’Egypte et l’Arabie, par la voix des ministres des Affaires étrangères Ahmed Abou Al-Ghaït et Saoud Al Fayçal, menacent de boycotter. Des voix s’élèvent aussi au Liban pour demander le gel de la participation syrienne à la Ligue, Damas ayant choisi de s’allier à l’Iran au détriment de la sécurité et des intérêts arabes.
De ce fait, certains observateurs craignent que cette offensive verbale syrienne ne se traduise par une nouvelle vague de violence qui pourrait toucher, non seulement l’Irak, le Liban et les Territoires palestiniens, mais aussi la Turquie, les Monarchies du Golfe et l’Egypte, des alliés stratégiques des Etats-Unis qui abritent ses bases militaires et qui constituent des voies de ravitaillement pour l’armée américaine déployées dans le Golfe et autour de l’Iran et de la Syrie. La menace pourrait également dépasser le cadre géographique régional pour viser des intérêts occidentaux et américains en Europe, à travers les groupes radicaux manipulés par les Services syriens et iraniens, afin de déstabiliser l’Occident et de l’empêcher d’intervenir militairement contre le nucléaire iranien. L’attentat commis hier au Liban contre un véhicule diplomatique n’est, à cet égard, que le début de cette offensive.
La Syrie, qui mise sur le facteur temps, espère gagner encore quelques mois, le temps que George Bush quitte la Maison Blanche, pour proclamer sa victoire. Le chef du gouvernement palestinien démis, Ismaël Haniyeh, (du Hamas qui fait partie de l’axe irano-syrien) l’a rappelé hier à Gaza : « George Bush est encore là pour seulement quelques mois », a lancé Haniyeh aux dirigeants arabes, les mettant en garde contre un « retour de manivelle ».
source :
mediarabe