Echec de la visite de Stenmeier à Damas. L’analyse de Khaled Asmar
Damas rejette l’appel franco-allemand l’invitant à respecter la souverainté libanaise. La Syrie demande aussi un calendrier précis du retrait américain d’Irak avant de contribuer à le stabiliser. La contre-offensive de "l’axe du mal" se met en place
Le signe irréfutable de l’échec de la visite de Franck-Walter Stenmeier, ministre allemand des Affaires étrangères à Damas, est sans conteste la réponse syrienne cinglante, lancée à « la figure de l’Occident ». La chancelière Angela Merkel et le président Jacques Chirac avaient invité Damas à contribuer à l’apaisement au Liban, qui connaît une crise politique aiguë le menaçant d’implosion. La réponse syrienne fut immédiate et double. Aux Européens, Damas affirme que « leurs prises de position ne l’intimident pas mais au contraire, elles attestent de l’ampleur de l’impasse dans laquelle la politique euro-américaine est engagée ».
La réponse fut aussi double car, elle s’adresse aux Etats-Unis, dont le futur secrétaire d’Etat à la Défense, Roberts Gates, venait d’étaler les faiblesses et les déboires de l’armée américaine en Irak, annonçant son échec et excluant totalement toute possibilité de mener des frappes punitives contre l’Iran ou la Syrie.
Face aux signes de la débandade américaine que Washington affiche désormais sans complexe, la Syrie se sent plus puissante que jamais. Elle avait plié devant la tempête en 2003, pour ne pas rompre. Aujourd’hui, la tempête s’estompe et Damas relève la tête. Il pose même ses conditions pour contribuer à rétablir la situation en Irak. Désormais, « il faut que les Américains établissent le calendrier de leur retrait avant de solliciter l’aide de la Syrie ».
N’avions-nous pas dit que l’Irak et la Palestine sont des accessoires pour la Syrie qu’elle échangera le jour venu contre le retour de son influence au Liban ? La donne régionale et internationale nous donnent raison. La preuve en est que Damas est prêt à coopérer en Irak après avoir réhabilité le rôle égyptien à Gaza pour « écarter » le Caire du dossier libanais. Sans doute, le Pays du Cèdre craint de faire les frais de la défaite américaine. Dans ce cas de figure, ce sont aussi la Jordanie et les autres monarchies du Golfe, qui, d’une façon ou d’une autre, avaient cautionné la politique américaine, qui se retrouvent menacées par un « retour de manivelle ». « L’axe du mal » met en place son dispositif de contre-attaque. Ahmadinedjad, Assad, Nasrallah, Mechaal, et consors aiguisent leurs armes, le font savoir et brandissent un « bras d’honneur » au monde libre. Jusqu’où ce dernier peut-il encore encaisser sans réagir ?
http://www.mediarabe.info/spip.php?article191