les promesses d'Ehoud Olmert à Mahmoud Abbas n'ont pas été tenues. Et ce
n'est pas une première]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/812936.html
Ha'aretz, 14 janvier 2007
La tromperie de l'allègement des restrictions
éditorial de la rédaction
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
On ne voit pas bien qui Israël essaie de tromper quand il déclare qu'il
allège les restrictions liées aux check points en Cisjordanie. De qui se
moque le premier ministre quand il prétend, en s'adressant au monde entier,
avoir levé un certain nombre de restrictions sur une dizaine de check
points, qui perturbent toute chance de vie normale en Cisjordanie? A-t-il eu
l'intention de les mettre en oeuvre, l'armée ne les appliquant pas et le
rendant ridicule? Aujourd'hui, cela fait 15 jours que l'allègement des
restrictions aurait dû commencer, comme l'avait promis Ehoud Olmert lors de
sa rencontre avec Mahmoud Abbas le 24 décembre à Jérusalem. Or, une enquête
effectuée sur le terrain par Ha'aretz la semaine dernière a révélé un très
petit nombre de levées de restrictions. Dans de nombreux cas, elles n'ont
même pas été levées du tout. Sur les 15 check points examinés par le
journaliste Avi Issacharoff, dans la plupart des cas il n'y a eu aucun
changement, dans d'autres les modifications étaient de toute façon
intervenues plus tôt, et sur certains, les officiers n'avaient pas entendu
parler d'ordres parlant d'un changement de politique.
Dans certaines zones, l'armée a ajouté des check points mobiles, ce qui ôte
tout son sens au moindre allègement qui aurait pu avoir lieu. Seuls ceux qui
ont récemment circulé sur les routes de Cisjordanie, en traversant deux ou
trois check points en quelques kilomètres, entre Hawara et Tapouah', savent
ce que cela veut dire. La traversée de ces check points peut prendre des
heures.
La levée des restrictions ne concerne que des check points situés à
l'intérieur de la Cisjordanie, pas ceux situés aux points d'entrée vers
Israël. Un réseau de check points d'une telle densité, avec une attente
aussi longue à chacun, parfois due à l'attitude dégradante de la part de
certains soldats, empêche une liberté minimale de circulation pour les
Palestiniens, qui ne peut en aucun cas s'expliquer par des considérations de
sécurité.
Si Olmert a voulu tromper Abbas, il doit être condamné pour cela. Une
situation où un engagement sans équivoque de la part du premier ministre se
révèle immédiatement comme une série de mots creux n'ajoute rien au prestige
d'Israël. Et s'il a réellement eu l'intention de tenir sa promesse, ce sont
les chefs de l'armée qui doivent être blâmés pour n'avoir rien fait pour
appliquer les instructions du gouvernement. Le général Yaïr Naveh,
commandant du front Centre [ et donc en charge de la Cisjordanie, ndt] a
fait connaître son opposition à l'allègement des restrictions. Or, s'opposer
à une décision du gouvernement constitue une affaire très grave.
Ce n'est pas la première fois qu'un engagement israélien concernant un
allègement de restrictions n'est pas appliqué. La secrétaire d'Etat
américaine, arrivée hier en Israël, se souvient certainement des discussions
fiévreuses auxquelles elle avait participé , il y a plus d'un an, avant de
parvenir à "l'accord des passages frontaliers, signé par Israël (1). En
novembre dernier, un rapport des Nations unies précisait qu'Israël était
revenu sur chacune des clauses de cet accord. En fait, il ne l'a jamais
appliqué.
Le non-respect d'un engagement pris par le premier ministre ridiculise
également Mahmoud Abbas, qu'Israël (et les Etats-Unis) souhaite soutenir.
"Ne vous mêlez pas de ce qui nous regarde. Vous n'aidez en rien, vous ne
faites que des dégâts. Chaque fois que quelqu'un de chez vous parle d'aider
Abou Mazen (Mahmoud Abbas), il lui nuit. Vos déclarations humanitaires ne
nous intéressent plus. Lever un ou deux check points ne fera aucune
différence.", disait à Ha'aretz Mohammed Dahlan la semaine dernière. Israël,
qui prétend rechercher un Etat palestinien modéré, ferait bien d'écouter ces
déclarations.