Mohammed Al Dura : Fin de partie, Gérard Huber
Il faut apprécier à sa juste valeur la brève plongée psychanalytique, à l’usage des non-spécialistes, dans laquelle nous entraîne, de manière quasi onirique, Gérard Huber. Personnellement, j’ai trouvé séminale la métaphore du « surmoi médiatique ». Mais est-ce vraiment une métaphore ? Car il me semble - et tant pis si je dis des bêtises (car je suis tout sauf versé dans la connaissance des maladies de l’âme !) - que le surmoi dont parlent les psychanalystes est propre à tout individu, ou, si l’on préfère, connaturel à chacun. Or, de manière surprenante, cette audacieuse transposition nous ouvre une perspective féconde. Si j’ai bien compris l’intuition sous-jacente au raisonnement de G. Huber, tout se passe comme si le récit médiatique interposait entre la réalité des faits et la perception intuitive que nous en avons, un filtre affectif et cognitif hégémonique, de nature à induire dans notre psyché un refoulement quasi incoercible de la réalité, syndrome dont seule une patiente thérapie de déconstruction de la désinformation peut nous aider à prendre conscience, et peut-être à guérir. L’idée mérite d’être examinée et creusée. En tout état de cause, elle attire opportunément l’attention sur un phénomène dont le grand public commence à peine à mesurer le danger, et contre lequel de grands esprits - voués aux gémonies par l’intelligentsia bien-pensante – avaient depuis longtemps mis en garde. Je veux parler du pouvoir exorbitant qu’ont les journalistes d’imposer leurs convictions, lequel est souvent inversement proportionnel à l’indigence de leur niveau d’expertise des sujets dont ils traitent, avec présomption, voire avec arrogance, et dans la plus totale impunité, sauf rarissimes exceptions. C’est sans aucun doute à ces gens que fait tacitement référence l’arrêt de la Cour d’appel de Paris, en parlant du « danger d’un pouvoir, en l’occurrence, celui de la presse, en l’absence de contrepoids… » (Menahem Macina). menapress