Quelques jours après l'attentat...
Dans le quartier de Sur Baher,à Jerusalem Est, on l'appelle le "majnun" ( le fou). Hossam Dwayatt, le chauffeur du tractopelle qui a ravagé la rue Yaffo et fait 3 morts et une trentaine de blessés avant d'être lui-même abattu, était un drogué, raconte son père qui pense qu'en faisant une autopsie on trouvera sans doute les stupéfiants qu'il avait consommés avant son acte.Que ce fils a ruiné sa vie.
La police est aujourd'hui persuadé qu'il a agi seul, tout comme Ala Abu Dhain, l'auteur du massacre dans l'école talmudique de Mercaz Harav, qui a fait 8 morts parmi des étudiants religieux entre 15 et 18 ans.
L'éditorialiste Nahum Barnea appelle cela "la privatisation du terrorisme". Et rappelle que de tels actes isolés et meurtriers existaient déjà au début de la première Intifada dans les années 90.
"Sur le front du terrorisme, tout est déjà arrivé et tout revient, commente-t-il. "Le 25 février 1996, dans ce même tronçon de la rue Yaffo, un Palestinien se fit exploser dans un bus, faisant 24 morts. Et la plaque commémorative était encore là, l'autre jour, près des voitures écrasées par le bulldozer.
Mercredi dernier, "il y avait des centaines de religieux ultra-orthodoxes, la même foule qu'à l'époque., écrit encore Nahum Barnéa. Une foule silencieuse, peut etre en raison de la stupeur ou de la chaleur. Bientôt des jeunes religieux de la rue, les shababniks, viendront crier "Mort aux Arabes". Demain. Ou après demain. Ou peut être un autre jour. Ils se dirigeront vers la maison de la famille.
Ils ont pris des photos avec leur portable. Des photos du champ de bataille, des photos d'eux mêmes. Il y a 12 ans, il n'y avait que la presse qui faisait des photos. Nous avons fait du chemin."
Hossam Dwayatt avait un casier judiciaire pour des vols, des petits délits et une condamnation à 20 mois de prison pour viol sur sa compagne. Elle est juive, ils ont eu un enfant ensemble. Et le journal Yediot Ahoronot rapporte l'étonnant témoignage de son ex-amie.
"Je crains de dire combien je l'ai aimé jusqu'à ce jour", dit S. son ancienne compagne."Il y a quelques jours j'ai embrassé un nounours qu'il m'avait offert et je me disais "qu'est-il donc devenu". Cette histoire d'amour entre la jeune Juive , habitante d'une colonie près de Jerusalem, et l'auteur du carnage a commencé il y a 12 ans .'Cela rendrait furieux mes parents, s'excuse-t-elle, mais il avait tout. C'était une bonne personne, dévouée. Je ne l'ai jamais sorti de ma tête".
Leur relation a même donné naissance à un fils qui a 7 ans "Lorsque la tuerie a eu lieu, je regardais la télévision avec le petit . Je lui ai juste dit qu'il y avait un gros problème à Jerusalem. J ai essayé de le protéger mais il a vu les images." Peut-etre un jour saura-t-il que c'était son père.
Ils se sont rencontrés par un ami. Elle est tombée tout de suite amoureuse. Il était le premier pour elle, elle était la première pour lui. Au début, ils se téléphonaient toute la journée. Elle, élevée dans une colonie, cachait l'importance de sa relation aux parents. Ils étaient déjà mécontents qu'elle le voit.
Ils étaient au lycée. Lui travaillait déjà un peu comme conducteur d'engin dans une société de construction de Jerusalem. Lui aussi cachait à sa famille qu'il avait une relation avec une Juive.
Mais la lune de miel s'est vite estompée aux premiers signes de violence. Il fumait beaucoup d'herbe. IL piquait des crises de violence, mais elle semble l'excuser à moitié :"Après, il s'excusait toujours et il m'apportait des fleurs. Il me frappait violemment mais je l'aimais. Je voulais même me convertir à l'Islam pour lui. " Elle a tout de même finalement porté plainte pour violences.
Mais elle le défendait encore pendant le procès, en disant qu'elle allait l'épouser à sa libération de prison. Elle avait alors été acceuillie dans la famille de Dwayat , à Sur Baher. Ses propres parents avaient coupé les ponts. Avant sa libération, elle est partie. Elle ne l'a revu qu'une fois dit-elle pour lui montrer une photo de leur enfant.
Elle pense que Dwayat n'avait pas de plan terroriste en tête. "Il avait des tas d'amis juifs", dit elle."IL ne détestait pas du tout les Juifs. Je crois que c'est de la folie, mais pas pour des motivations nationalistes.Je ne l'ai jamais entendu dire quelque chose contre les Juifs, au contraire.Le problème c'est qu'il prenait vraiment beaucoup de drogue. Peut-etre que c'est à cause de cela"