Livni a le vent en poupe
Avec toutes les précautions qu'il faut prendre lors des sondages réalisés à chaud, il est indéniable qu'il y a en ce moment un "Effet Livni" dans la population du pays. Deux sondages réalisés dès l'annonce de son prochain retrait par le Premier ministre, indiquent non seulement que Tsipi Livni est la grande favorite pour prendre sa succession, mais en plus qu'elle ferait jeu égal avec Netanyahou, voire qu'elle le battrait si des élections devaient avoir lieu aujourd'hui. Autre confirmations: l'écroulement des Travaillistes si Ehoud Barak est à leur tête.
Un sondage réalisé pour "Haaretz" par l''Institut "Dialog" du Prof. Camil Fuchs, indique que si Livni et Mofaz font de plus en plus jeu égal au sein des électeurs de Kadima, dans la population globale, la ministre des Affaires étrangères bat largement son principal rival. Et lors d'élections, générales, Kadima avec Livni à sa tête coifferait le Likoud sur le poteau, avec 26 mandats contre 25, même si sur l'ensemble des partis, la droite resterait majoritaire. Par contre, Kadima avec Mofaz serait battu par Netanyahou. Les Travaillistes n'obtiendraient eux que 17 sièges, et leur chef de file, Ehoud Barak, n'est crédité que de 8% d'opinions favorables en tant que "Premier ministrable"!
Dans un autre sondage réalisé par l'Institut Raphy Smith pour "Yediot Ah'aronot", les données sont encore plus nettes: Kadima emmené par Livni obtiendrait 32 sièges, laissant derrière lui le Likoud avec 27 sièges, et les Travaillistes avec 14 sièges. Les résultats sont également inverses si c'est Shaoul Mofaz qui se trouve à la tête de Kadima.
Les autres partis ne subissent pas de changements notoires selon la personne qui dirigera Kadima, sauf peut-être Israël Beiteinou, qui perdrait 2 sièges "à cause de" Tsipli Livni. Les Retraités, par contre, disparaîtraient du paysage politique quel que soit le cas de figure.
Plusieurs explications et commentaires:
Premièrement, ces sondages montrent une volonté de renouvellement de la classe politique. Parmi les candidats, Tsipi Livni est la seule des candidats qui fait figure de "nouvelle", d'une personne "qui n'a pas encore fait ses preuves".
Deuxièmement, il semble que le "phénomène Kadima" ne soit pas aussi éphémère que l'on croyait, même s'il faut attendre le verdict des urnes pour avoir une réponse définitive. Un "courant central" de la société israélienne existe bel et bien, même s'il faut se demander s'il corrrespond réellement à une ligne idéologique, ou s'il s'agit d'une réaction de rejet de la gauche et la droite traditionnelles, oui pire encore, d'une neutralité de désaffection.
Troisièmement, toutes les flèches vont désormais être dirigées vers la ministre des Affaires Etrangères, à la fois par le Likoud, les Travaillistes, mais aussi ses adversaires au sein de Kadima. Avant les Primaires, et également par la suite. Et il est fort à parier qu'avec les semaines et les mois qui viennent, Livni sera obligée de sortir de sa stature silencieuse et de se découvrir en adoptant des positions ou en faisant des déclarations qui lui feront obligatoirement du tort dans certaines franges de l'électorat. Il sera intéressant de voir les sondages d'opinion dans quelques mois.
Enfin, si le jeu politique semble relancé avec l'émergence d'une concurrente sérieuse à Binyamin Netanyhou, la chute des Travaillistes est quant à elle confirmée. Il est donc plus que probable que des prochaines élections sorte un gouvernement de centre-droit, plutôt que de centre-gauche comme c'est le cas aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit,la vie politique israélienne ne va pas être ennuyeuse ces prochains mois.
a7