Gaza: cessez-le-feu unilatéral israélien en vue, le Hamas s'insurge
Trois semaines après le début de l'offensive meurtrière lancée par Israël contre le Hamas, la perspective d'un cessez-le-feu unilatéral israélien se profilait à Gaza, théâtre samedi de nouveaux combats.Evènement
La "confrontation" se poursuivra si Israël décrète un cessez-le-feu unilatéral dans la bande de Gaza, a affirmé samedi à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas, Oussama Hamdane.
"Ce cessez-le feu unilatéral ne prévoit pas de retrait" de l'armée israélienne et "tant qu'elle restera à Gaza la résistance et la confrontation se poursuivront", a déclaré M. Hamdane, représentant du Hamas à Beyrouth, joint par téléphone depuis le Caire.
Le cabinet israélien de sécurité devait se réunir dans la soirée pour se prononcer pour un cessez-le-feu unilatéral, a déclaré un responsable israélien.
Dans la dernière attaque en date menée par Israël samedi matin, une femme et un enfant ont été tués dans le bombardement d'une école gérée par les Nations unies à Beit Lahiya, nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales et des témoins. Des civils fuyant les zones de combats avaient trouvé réfuge dans l'établissement. Onze d'entre eux ont été blessés dans le bombardement qui a provoqué un incendie, a-t-on précisé de mêmes sources.
"Cela illustre à nouveau la tragédie de Gaza. Il n'y a aucun lieu sûr et même une installation des Nations unies n'y est pas en sécurité", a déclaré Christopher Gunness, porte-parole de l'Unrwa, l'agence de l'Onu pour l'aide aux Palestiniens. "A Gaza, il n'y a nulle part où fuir", a-t-il dit à l'AFP.
D'intenses combats se déroulaient autour de l'école où les tanks de l'armée israélienne affrontaient des combattants palestiniens, ont poursuivi les témoins.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole militaire n'a pas été en mesure de réagir à cette nouvelle attaque contre une école des Nations unies, la quatrième depuis le déclenchement de la guerre le 27 décembre. Le 6 janvier, quarante-trois personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées par une frappe israélienne, selon des sources palestiniennes, dans le périmètre d'une école gérée par l'ONU dans le nord de la bande de Gaza.
Dans la nuit de vendredi à samedi, une petite fille de deux ans a par ailleurs été tuée par un obus israélien à Beit Hanoun (nord), et trois Palestiniens ont été tués par un obus de char à Karama, dans le même secteur, selon des sources médicales palestiniennes.
Depuis vendredi, l'armée israélienne a poursuivi ses attaques qui ont fait au moins 60 morts. Dix personnes ont notamment été tuées dans le bombardement d'une maison où était rassemblée une famille qui faisait le deuil d'un proche tué plus tôt, selon des sources palestiniennes.
Trois filles d'un médecin palestinien travaillant en Israël, et une de ses nièces dans un raid aérien à Jabaliya (nord), figurent aussi parmi les victimes. "Ce sont des filles, rien que des filles. On les bombarde. Je veux savoir pourquoi on les a tuées. Pourquoi les a-t-on tuées? C'est ce qui pourrait me calmer. Je veux savoir. Qui a donné l'ordre de tirer?", a déclaré en larmes le père, Ezzedine Abou Eich, en direct à la télévision israélienne.
Sur le volet politique et diplomatique, des assurances égyptiennes et américaines faites à Israël, notamment sur un arrêt de la contrebande d'armes vers Gaza, ont rapproché l'échéance d'un cessez-le-feu. "Le cabinet de sécurité (israélien) doit voter en faveur d'un cessez-le-feu unilatéral demain (samedi soir) à la suite de la signature d'un accord à Washington et des progrès significatifs réalisés au Caire", a déclaré à l'AFP un responsable gouvernemental israélien, sous couvert de l'anonymat.
Même si Israël décrète une trêve unilatérale samedi, les forces israéliennes resteront positionnées dans le territoire palestinien pour une durée indéterminée, a indiqué ce responsable.
Israël considère que le Hamas s'abstiendra de toute attaque mais, "s'ils décident d'ouvrir le feu, nous n'hésiterons pas à répondre et poursuivre notre offensive", a-t-il ajouté.
L'annonce de la réunion du cabinet de sécurité israélien est intervenue après d'intenses efforts diplomatiques au Caire, où Israël a dépêché son principal négociateur,Amos Gilad, deux fois en 48 heures.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s'est dit "satisfait des résultats des pourparlers au Caire, qui ont répondu aux exigences de base d'Israël qui voulait une réponse ferme sur la fin des tirs de roquettes et un accord sur une coordination entre Israël et l'Egypte sur l'ouverture des points de passage" avec la bande de Gaza, a expliqué le responsable.
Selon la radio militaire israélienne, il est possible que M. Olmert se rende au Caire dimanche pour la signature d'un accord permettant la mise en place d'un mécanisme de surveillance international pour empêcher le flux d'armes vers la bande de Gaza.
Vendredi, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avait signé à Washington avec son homologue israélienne, Tzipi Livni, un accord bilatéral sur la contrebande d'armes et a dit espérer qu'un cessez-le-feu interviendrait "très, très bientôt".
En trois semaines d'offensive, près de 1.200 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 100 femmes, et plus de 5.285 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. D'après le Centre palestinien des droits de l'Homme à Gaza, 65% des morts sont des civils.
Côté israélien, 10 militaires et trois civils ont péri durant la même période.
A New York, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté à une large majorité une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza menant au retrait total des forces israéliennes. Le vote a été acquis par 142 voix pour, 6 contre et 8 abstentions. Les résolutions de l'Assemblée ne sont pas considérées comme contraignantes.
Avant l'annonce d'un possible cessez-le-feu unilatéral, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, avait affirmé que le mouvement islamiste n'accepterait pas les conditions d'Israël pour un cessez-le-feu à Gaza, à l'occasion d'une réunion arabe à Doha consacrée à l'offensive israélienne.
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