La France va restituer rapidement les fragments de fresques égyptiennes
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La France a annoncé vendredi sa décision de restituer rapidement à l'Egypte cinq fragments de fresques détenus par le Louvre mais le Caire a fait savoir qu'il ne rétablirait sa coopération avec le musée que lorsque les peintures murales seront de retour sur le sol égyptien.
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a décidé vendredi de restituer ces fragments de fresques détenus par le musée du Louvre et revendiqués par l'Egypte, conformément à l'avis unanime de la Commission scientifique nationale des musées de France, a annoncé le ministère.
Les cinq fragments de peinture murale du tombeau d'un dignitaire de la XVIIIe dynastie égyptienne (1550-1290 avant J.C.), situé dans la Vallée des Rois, près de Louxor, avaient été "acquis de bonne foi" par la France au début des années 2000, a rappelé le ministère de la Culture.
Les oeuvres, de petite taille (environ 15 cm de large sur 30 cm de haut), se trouvent actuellement dans des réserves du Louvre.
A l'unanimité (33 voix sur 33), la Commission scientifique nationale des musées de France a conseillé vendredi au ministre de déclasser ces fresques en vue de les restituer à l'Egypte. Ce que Frédéric Mitterrand a fait aussitôt.
Le ministère de la Culture comme le Louvre ont mis en avant dans ce dossier leur ferme volonté de lutter contre le trafic illicite de biens culturels.
Mercredi, l'Egypte a annoncé publiquement qu'elle suspendait sa coopération archéologique avec le Louvre tant que ces fragments de fresques ne lui seraient pas restitués. Le musée français était averti de ses intentions depuis l'été.
"Nous ne rétablirons les relations avec le Louvre qu'une fois les pièces de retour en Egypte", a déclaré vendredi à l'AFP le chef du service des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, après l'annonce de la décision française.
Le Louvre va se "rapprocher des autorités égyptiennes pour fixer les modalités et les dates de retour, mais ça devrait être rapide", a indiqué à l'AFP Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre.
"Nous sommes heureux de pouvoir contribuer à la reconstitution de ces décors qui n'auraient jamais dû quitter leur emplacement d'origine", a déclaré M. Loyrette.
Ces oeuvres ont été "acquises en toute bonne foi par la France en 2000 et 2003 avec la conviction de faire entrer dans les collections publiques des éléments épars d'un ensemble archéologique inventorié après sa découverte en 1908 puis considéré par la communauté scientifique comme disparu", a expliqué M. Loyrette.
"C'est seulement parce que des éléments nouveaux nous ont récemment été communiqués par l'Egypte, après la redécouverte du tombeau en novembre 2008 que nous avons décidé, avec la Direction des Musées de France, de reconsidérer cette acquisition", a indiqué M. Loyrette.
"Les preuves en question sont des photographies qui attestent que ces peintures étaient encore en place au milieu des années 1970, alors que les éléments dont nous disposions jusque-là nous laissaient penser que ces pièces étaient sorties en toute légalité d'Egypte avant 1970".
La Convention de l'Unesco de 1970 contre le trafic illicite d'oeuvres d'art (ratifiée par la France en 1997) affirme la non-rétroactivité des opérations antérieures à cette date.
Le patron du musée du Louvre pense que l'incident est clos et se dit "convaincu que plus rien ne s'oppose à ce que la coopération du Louvre avec l'Egypte redevienne ce qu'elle a toujours été, à la fois diverse et féconde".
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