il y avait l'émission hier sur le film qui sort bientôt, "la rafle".
Klarsfeld a dit que les français avaient été plus que bien. Je parle du peuple, pas de Vichy, bien entendu.
La première nuit, celle de Juillet 42, nous l'avons passé chez les gens qui nous ont gardé la période de la guerre, nous l'avons passé à 8 dans le même lit, en travers ; le couple de français était communiste, comme toute la région, le 9.3.
Sur les 8, un a été déporté, Dédé, 4 ans en janvier 44, déporté en février 44 - nous avons quitté la grand-mère après la déportation de mon père, nous y sommes revenus, mais Dédé a été pris.
Quand ma mère l'a appris, elle est venue chez grand-mère, je me souviens, il faisait froid, on m'a virée dans la cour, (j'ai collé l'oreille à la porte) elles ont parlé. Grand-mère pleurait, et elle a dit : "ils ne reviennent pas, on n'a jamais de nouvelles".
La gestapo française est venue à plusieurs reprises ; une fois, ils cherchaient ma tante, la grand-mère l'avait cachée derrière la porte entre le mur et la porte. Ils ne l'ont pas trouvée.
Grand-mère leur a dit, "je fais mon devoir de française, moi, Monsieur"
; "si vous prenez les petits, je pars avec eux".
A mon avis, ils ont pensé qu'elle était dingue.
1 m 50 à tout casser, mince, la tête droite, d'une incroyable dignité.
Une Ch-ti. C'est quelque chose, les gens du nord.
Dans le film "la rafle", quand ils séparent les enfants des parents, c'est très dur. J'ai pensé à Dédé.
Quand nous serons morts, nous, les survivants de la rafle, il n'y aura plus de témoins pour raconter ; c'est tellement impensable, qui pourra croire une histoire pareille?