Nicolas Sarkozy et le ''vote israélien''
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l'attention de nos lecteurs sur l'élection présidentielle française et les attentes qu'elle suscite en matière de politique étrangère, à l'endroit d'Israël notamment.
Les résultats spectaculaires obtenus par Nicolas Sarkozy en Israël sont un véritable plébiscite. Les Français d'Israël ont choisi leur champion. Celui qui a eu le courage de se déclarer "l'ami d'Israël", celui qui avait eu l'audace de visiter Israël à une époque où son image était des plus mauvaises dans l'opinion publique européenne et en France en particulier.
S'il n'existe pas à proprement parler de "vote juif" comme aiment le rappeler les politologues, force est de constater que les élections présidentielles françaises auront suscité un "vote israélien". Désormais, c'est le vote exprimé par les Français d'Israël qui détient le pourcentage record de voix exprimées en faveur de Nicolas Sarkozy.
Avec l'accession de Nicolas Sarkozy au pouvoir, les dirigeants israéliens, et d'une manière générale, les responsables politiques modérés du Proche et du Moyen Orient, attendent que s'ouvre une nouvelle page dans les relations de la France avec les Etats de la région.
Au cours de sa campagne, et surtout le soir de son élection, dans ses discours comme dans le choix des artistes présents à ses côtés sur la scène de la Concorde, il faut bien reconnaître que le nouveau Président de la République a voulu montrer un changement de style, et de ton, par rapport à son prédecesseur qui avait bâti de solides relations dans la région et s'était fait une réputation d'"ami des Arabes", n'hésitant pas à mettre en panne pour quelques années les relations traditionnellement amicales entre la France et Israël.
Le "Forum Méditerranéen" et la vision sarkozyenne du Moyen Orient "où se joue l'avenir du monde", selon ses propres termes, sont des signes forts d'une volonté d'agir pour la paix, et pour la sécurité. Voilà sans doute ce qui a pu motiver, dimanche 6 mai, un "vote israélien".
Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à montrer toute sa détermination, s'agissant du nucléaire iranien par exemple, il insiste : "Si l'Iran continue à ne pas respecter les résolutions du Conseil de Sécurité, il faudra aller plus loin dans les sanctions pour faire comprendre au régime que nous n'acceptons pas le fait accompli d'un Iran nucléaire". Shaoul Mofaz, qui entretient les meilleures relations avec le nouveau Président français, et qui parcoure le monde pour sensibiliser les démocraties à la "menace iranienne", a sans doute été entendu.
A ses "amis palestiniens", Sarkozy a répété que "l'existence et la sécurité de l'Etat d'Israël ne sont pas négociables et que rien ne peut justifier la violence". Là, Sarkozy osait affirmer ce que certains dirigeants israéliens n'ont pas scandé depuis longtemps.
Sarkozy veut que la France joue un rôle de "facilitateur" au Proche et au Moyen Orient ; il pourrait y déployer une nouvelle politique étrangère française indépendante de la ligne gaulliste traditionnelle, une politique étrangère qui fera partie du "domaine réservé" du Président. D'ailleurs, le quotidien israélien "Maariv" le qualifie déjà de "médiateur honnête".
Les médias israéliens ont donc salué la victoire de Sarkozy en estimant qu'elle est le "prélude à une nouvelle ère des relations avec la France", selon le "Yediot Aharonot". "Maariv" évoquait la "révolution française grâce à laquelle un ami évident d'Israël accède à l'Elysée pour la première fois dans l'histoire de la Vème République".
Nicolas Sarkozy peut beaucoup pour la paix. Il fait partie des rares qui ne se représentent plus le conflit moyen oriental comme le résultat de problèmes exclusivement territoriaux mais comme un conflit qui a toujours opposé deux camps, celui des modérés, et celui des extrêmes. Et c'est bien le camp de l'extrême qui abrite aujourd'hui les terroristes du Hezbollah et ceux du Hamas qui, dix mois après avoir capturé Ehoud Goldwasser, Eldad Reguev et Guilad Shalit sont les responsables de la guerre et du terrorisme. Prions désormais pour que la France de la "nouvelle ère" joue le rôle de médiateur qui nous permettra peut-être demain de revoir trois fils d'Israël.
Ce soir, nos pensées vont vers les familles des trois soldats retenus en otage depuis dix longs mois. Avec eux, nous gardons l'espoir qu'un autre regard sur "l'Orient compliqué", un regard ambitieux, généreux et humain, contribue enfin à leur libération.
Chabbat Shalom,
A la semaine prochaine,
Guy Senbel