Il est sur tous les plateaux de télévision, invité par les journalistes politiques, pour donner son avis sur tout. C’est à croire que François Mitterrand vient d’être élu. La France vote massivement à droite, voulant tourner définitivement la page du socialisme réel et de la collectivisation ruineuse que Jacques Chirac n’a jamais renié ni stoppé, et des personnalités de gauche se trouvent remises en selle avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.
Pourtant, j’ai décidé de faire confiance en Nicolas Sarkozy dont la vision stratégique, la volonté et la persévérance lui ont permis d’arriver là où il est aujourd’hui malgré la volonté des princes installés. D’ailleurs, le nouveau gouvernement donne un visage inédit à la France.
Cependant, subir à nouveau les analyses savantes et les commentaires érudits de Jacques Attali est un exercice difficilement supportable pour un esprit libéral convaincu. Mr Attali fut le conseiller économique très proche de Mitterrand lequel se plaisait à dire qu’il ne comprenait rien à l’économie. Hélas, son conseiller ne fut pas plus avisé. Alors que la Grande-Bretagne et les USA entraient dans l’ère des réformes libérales dans les années 80 (baptisée « révolution conservatrice » par une presse française hostile et méprisante), la France met en œuvre le programme socialiste fondé sur les nationalisations bancaires et industrielles, la politique industrielle volontariste qui met l’Etat au centre des stratégies industrielles, une fiscalité véritablement anti-économique et la réduction du temps de travail.
Il s’agissait alors pour J. Attali de sortir du capitalisme libéral nécessairement condamné à la faillite. Certes, Monsieur Attali était sans doute le plus éclairé des économistes de la gauche mais de la même manière que l’on nous a présenté Laurent Fabius comme le cerveau du parti socialiste qui nous promettait une réforme fiscale du siècle qui n’a jamais eu lieu. Plus tard, M. Attali, qui s’est vu confier la responsabilité de la BERD (Banque internationale chargée de financer la transition à l’économie de marché dans les pays de l’Europe de l’Est) a été épinglé pour la gestion quelque peu somptuaire de cet organisme.
Après l’expérience socialiste qui a installé un carcan dont la droite n’a jamais pu se défaire, c’est bien la France qui est entrée dans une profonde léthargie, se traduisant notamment par une croissance molle, un haut niveau de chômage structurel et des conflits sociaux (violents et coûteux) chroniques. La France se portait bien mieux sous Giscard dont le bilan nous fut pourtant présenté à l’époque comme un désastre. Cette situation fut diagnostiquée par les libéraux depuis 20 ans, ainsi que par les grands organismes internationaux (FMI et OCDE), dans une indifférence générale dans l’hexagone dont les penseurs se réfugiaient derrière l’alibi de l’exception française pendant que le capital humain, technologique et financier quittait le pays. Ce blocage a conduit la plupart d’entre nous à entrer en résistance, à renoncer à la politique pour se consacrer à la société civile ou encore à s’expatrier.
Aujourd’hui, les cartes sont profondément redistribuées et le nouveau président n’a pas finit de nous étonner. Le 6 mai dernier, ce n’est pas pour une ouverture que les Français se sont exprimés mais bien pour une rupture : rupture avec les rituels passés (notamment la mascarade du troisième tour social ou le dialogue tronqué avec des partenaires sociaux qui ne représentent qu’eux-mêmes) qui ne font que consacrer des blocages devenus suicidaires ; rupture avec les facilités du passé qui ont conduit à un endettement insoutenable ôtant toute marge de manœuvre à nos gouvernants ; rupture avec les hommes du passé surtout s’ils se sont lourdement trompés alors qu’ils ont sans doute une grande responsabilité dans la situation actuelle.
La rupture avec le socialisme passe par une ouverture au libéralisme. Sans doute, N. Sarkozy n’est pas homme à faire acte d'allégeance à la gauche. Son élection a provoqué un séisme qui est en train de faire sauter les frontières partisanes et de perturber les clivages politiques consacrés par trente années d’immobilisme. Après avoir sapé l'extrême droite, j’ose croire qu’il va maintenant tranquillement faire exploser la gauche de manière à se donner le temps de lancer et conduire les réformes annoncées.
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