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 sderot

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adm-janine
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adm-janine


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MessageSujet: sderot   sderot Icon_minitimeJeu 24 Mai - 10:54

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etz, 23 mai 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/861881.html
Sderot, aussi loin que La Nouvelle-Orléans
Na'ama Sheffi
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant

Les habitants de Sderot et des villages alentour ont connu six mauvaises
années. De temps en temps, grâce à leurs voisins de l'autre côté de la
frontière, ils font l'objet d'une certaine couverture médiatique. Tant que
la récolte des roquettes ne dépasse pas un certain seuil, la rubrique
quotidienne des désastres dans les infos est consacrée à ces tuyaux volants
et bruyants, dont les dommages physiques qu'ils causent sont moindres que
les dommages psychologiques et ceux subis par l'image d'Israël. De leur
côté, les Gazaouis ont remarqué que la population relativement dense de
Sderot constitue une cible bien plus efficace que les poulaillers des
kibboutz et des moshavs des environs. Pour les Israéliens, Sderot est
pauvre, à la fois en biens et en esprit.
Les caméras viennent à Sderot comme des colonialistes vont chez les
indigènes : quand un enfant a peur que personne ne vienne à sa bar-mitsva,
quand des psychologues de Tel-Aviv viennent apporter un soutien hebdomadaire
à ceux qui en auraient besoin tous les jours, et quand des ministres
viennent tapoter la tête des habitants, leur dire "tss-tss" et repartent en
laissant derrière eux le malheur en l'état, dans le meilleur des cas.
Les gens en colère qui insultent le gouvernement et exposent leurs blessures
au corps et à l'âme ne sont que le reflet de la routine des "événements
sécuritaires". Les attentats dans les grandes villes sont toujours
inattendus, mais à Sderot, les Qassam pleuvent avec une régularité
terrifiante depuis six ans.
Régulièrement, Sderot fournit des images "à fort contenu humain" : une femme
qui calme sa respiration avec l'aide d'un expert en traumatismes venu du
Nord, un homme qui, de colère, découvre la cicatrice sur son ventre,
souvenir de l'armée, des adolescents en adoration devant le milliardaire qui
envoie ses messages en mauvais anglais (1). Dans le meilleur des cas, ce
qu'on voit, c'est le côté coloré de Sderot, petit paradis culinaire de
différents groupes ethniques qui ne peuvent pas se payer un loyer au centre
du pays.
Le travail du plus grand institut public d'Israël à l'intérieur de la ligne
Verte, l'Institut Sapir, ainsi qu'une excellente cinémathèque, font pâle
figure à côté des Qassam. Des étudiants dynamiques et sérieux, des habitants
instruits et politisés, conscients des complexités de la situation et qui ne
souhaitent pas la mort de 250.000 Palestiniens, cela est, semble-t-il, trop
ordinaire pour attirer les médias. Des gens comme cela, on les interviewe
dans les studios à air conditionné de Tel-Aviv ou de Jérusalem. En général,
ils ont un titre ronflant, de l'armée, de la Knesset ou de l'université.
On interviewe rarement les habitants des kibboutz et des moshavs de la
région près de Gaza. Ils ont subi pas mal de tirs, mais pour la plupart, ils
réagissent avec retenue et modération, ce qui ne correspond pas très bien
aux reportages, quand il s'agit du Sud (3).
Rarement, la caméra s'attarde sur un individu à l'air trompeur, torse nu,
qui semble et qui sonne comme un "indigène". Il analyse froidement la
situation à Sderot. Sderot sert de décharge publique, sa situation ne
changera jamais, entend-on en général. Mais, au lieu de nous balancer ces
affirmations mille fois entendues, lui lance un appel qui se dissipe
immédiatement dans une atmosphère saturée de mots cruels. Il semble que,
comme le corps humain a besoin d'un foie pour exsuder les poisons, la
société ait besoin d'un site comme Sderot pour servir de canal hypocrite où
l'on pleure sur le malheur des autres.
Sderot est aussi loin de Tel-Aviv que l'est Zikhron Yaakov (4), mais dans
l'esprit des décideurs, Sderot est beaucoup plus loin, comme l'était La
Nouvelle-Orléans de Washington lors de l'ouragan Katrina. Sderot est une
ville de minorités ethniques qui produisent de la bonne musique, et qui en
sont récompensées en étant rejetées aux marges de la société.

1) Na'ama Sheffi dirige l'école de Communication de l'Institut Sapir
(Sderot), frappé récemment par une roquette Qassam qui a fait 2 blessés.
(2) Allusion à Arkadi Gaydamak, milliardaire mafieux d'origine russe, aux
ambitions politiques désormais déclarées. Il a entamé depuis quelque temps
des actions caritatives, offrant par exemple aux enfants de Sderot des
séjours à Eilat, malgré les protestations du ministère de l'éducation et des
enseignants.
Voir "Les enfants de Sderot ne veulent plus rentrer chez eux" :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1448
(3) Voir "Le kibboutz Nir Am, les enfants de Sderot et les Qassam" :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1612
(4) Zikhron Yaakov : ville située à une soixantaine de km au nord de
Tel-Aviv, presque à mi-chemin entre Tel-Aviv et Haïfa.


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