Bientôt à nouveau à la tâche ?
Les conséquences néfastes pour Israël, liées au fait d’avoir un incapable avéré occupant les fonctions de 1er ministre, atteignent des proportions inquiétantes. Si, dans un pays à l’abri des guerres, l’influence d’un chef de l’Etat médiocre, que personne ne suit ni ne respecte, n’est pas, à proprement dit, la fin du monde, il en va tout autrement dans le cas d’Israël. Lorsque les pressions s’accumulent, il s’avère impératif d’avoir à la barre un timonier expérimenté, capable de se concentrer sur son sujet et qui sache donner des ordres. Nous avions, il y a quelques semaines, exprimé ces craintes dans nos colonnes et nous n’avons pas eu très longtemps à attendre pour assister à leur concrétisation.
Il faut admettre que la situation stratégique d’Israël est plutôt gratinée. Elle doit subir les menaces de deux organisations terroristes paramilitaires sur ses frontières nord et sud, un danger de guerre conventionnelle face à la Syrie, et des appels à son éradication en provenance de Perse. De plus, ces risques ne se calculent pas indépendamment les uns des autres et ne s’additionnent pas non plus : ils se multiplient de façon exponentielle lorsque l’on considère la situation hypothétique d’avoir à gérer une agression combinée de plusieurs de ces composantes hostiles.
C’est dans ce genre de stress qu’il faut pouvoir conserver son sang froid, évaluer correctement – sans les sous-estimer ni les exagérer – les dangers et contrôler les déclarations des ministres et des représentants des courants politiques. Mais comment faire lorsque, comme Ehoud Olmert, on est à la merci politique du lâchage des membres de sa coalition gouvernementale et même d’une partie non négligeable des personnalités de son propre parti ?
Durant la semaine qui se termine, nous avons eu à constater les méfaits causés par le maintien transitoire d’Olmert à la présidence du conseil. Il aura suffi, en fait, à Béchar Al Assad d’envoyer un député de son parlement s’exprimer sur un media international arabe et y déclarer que la Syrie envisageait de déclencher un conflit contre Israël durant l’été.
Déjà, la condition d’un député dans un pays où le président vient d’être élu avec 98.5% des suffrages exprimés devrait pousser à la circonspection. De plus, lors de l’interview, ledit quidam a étalé son ignorance crasse des réalités israéliennes : il a mal récité son texte, s’enflammant, par exemple, contre Amir Meretz, censé être notre ministre de la Défense. On ne lui avait pas dit que Meretz est un parti politique, et que Peretz n’attend que de connaître le nom du vainqueur des primaires travaillistes, la semaine prochaine, pour lui céder sa place. Il faut ajouter qu’aucun parlementaire syrien n’oserait s’exprimer publiquement, particulièrement sur des ondes étrangères, sans avoir été prié de le faire par le dictateur ou son entourage, les geôles de Damas recueillant volontiers les auteurs d’initiatives spontanées.
Reste que dans l’état de fébrilité, à la limite de l’hystérie, qui règne dans les sphères du pouvoir à Jérusalem, il n’en fallait pas plus pour déclencher une cacophonie démentielle de réactions aux propos du député de Damas. La classe politique de l’Etat hébreu, oubliant, en la circonstance, qu’on ne parle jamais de paix avec quelqu’un qui vous menace de guerre, s’est éparpillée dans toutes les directions. La plus courue : il faut engager sans tarder des négociations de paix avec la Syrie. La plus maladroite : Olmert a demandé à nos amis turcs d’informer Al Assad qu’il était prêt à "reprendre les négociations là où elles avaient été stoppées et à faire des concessions substantielles pour parvenir à la paix avec la Syrie".
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