Nous mastiquons tous en hébreu !
J’ai un ami que je kiffe. Appelons le F. Il est dentiste de son état. Lui, il kiffe pas trop en ce moment mais ça s’arrangea. Alors pour le faire sourire, je lui dédie une élucubration hébraïque de mon cru, inspirée d’un passage d’"Ismaël et ses frères". La difficulté dans ce genre d’exercice est de le rendre intelligible aux non hébraïsants. On va essayer mais ne m’en veuillez pas trop si je n’y arrive pas totalement.
Partons du verset 2:21 du Livre de la Genèse. Vous savez, quand D. anesthésie Adam pour lui prendre, une côte, ou une omoplate (en fait, je n’en sais rien) pour en fabriquer la femme-Eve. Mon objectif consiste à démontrer que nous parlons tous hébreu sans le savoir.
En haut du texte figure l’hébreu, en bas la traduction franco/anglaise littérale.
VayaFéL YHVH TaRDéMa aL HaADaM VaYiCHaN
Fit tomber (fall) Dieu endormissement sur Adam et il s’endormit
Le Texte dit : VaYICHaN HaADAM, "Et Adam s’endormit". VaYICHaN a pour racine CHéN. Deux lettres : CHIN qui se prononce chee, et NOUN qui est notre N. CHéNA signifie "sommeil" mais aussi "changement". Le sommeil serait donc un changement radical de l’état de veille. Les Sages nous apprennent que le sommeil est l’équivalent du soixantième degré de la mort. Dormir c’est donc mourir un peu. CHaNa signifie aussi "année". La nouvelle année juive, ou Roch HachaNa, est un jour particulièrement angoissant. C’est celui du jugement, Yom Hadin. C’est ce jour-là que les hommes et les Peuples sont jugés pour l’année à venir. Qui vivra, qui mourra ? Ce n’est pas une occasion sympathique de sabler le champagne, mais un instant grave, tout aussi important que Kippour, si ce n’est plus. Le passage d’un état connu, somme toute confortable, puisque l’on a la chance de le vivre, à un nouvel état matérialisé par une mise en jugement qui débouche sur le parfait inconnu, est un vrai changement. CH - N nous renvoie aussi à la notion de dualité, puisque "deux - duo" en hébreu se dit CHNaïM. Ceci n’est pas réellement surprenant sachant que le changement implique précisément l’opposition à l’unité rassurante et connue. Cette racine, c’est le cas de le dire pour un dentiste, nous renvoie à "dent" ou CHéN dont la fonction serait le changement, par la mastication des aliments qui peuvent ainsi continuer leur chemin. Vous voyez que le texte est detiné à F.
CH - N, qui peut s’écrire également S - N, me fait étrangement penser à ”somnus », sommeil ou somme”. Les deux consonnes dominantes du mot « sommeil » sont incontestablement S et N/M. Insomnie peut se traduire en hébreu par éiN CHéNa, ”non sommeil”. En sachant que éiN, où la consonne N est dominante, signifie NoN, inexistant.
VaYaFéL, "fit tomber" comporte deux consonnes prédominantes F – L . Ca ne vous dit rien ? Fall en anglais.
TaRDéMa, endormissement, comporte aussi trois consonnes fortes : D – R – M. Dormir en somme.
J’espère, mon ami F. que ça t’a fait sourire, bien que tout cela soit très sérieux.
Et voilà, plus besoin de traduction. Nous parlons tous hébreu mais nous ne le savons pas.
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