Après la Guerre, voulant découdre à jamais l’étoile jaune et oublier l’antisémitisme, Abraham Drucker décida de baptiser au catholicisme ses trois fils, résolument convaincu que ça les aiderait à s’intégrer entièrement à la société française. Il tenait mordicus à ce que ses rejetons soient plus Français que les Français!
En dépit cette conversion au catholicisme, les enfants Drucker étaient-ils quelque peu conscients de leur judéité?
“Nous n’avons pas été élevés dans la tradition juive comme certains de nos copains. Nous étions des Français comme tout le monde, dit Michel Drucker. L’antisémitisme, je l’ai entraperçu, mais je ne peux pas vous dire que j’en ai souffert. Mes parents ont vraiment souffert de ce fléau morbide. Je suis persuadé qu’en 1942 mon père a été dénoncé pas seulement par un paysan du coin. Son départ en déportation a dû réjouir beaucoup de ses confrères de l’époque. L’antisémitisme dans les années 40, au fin fond des campagnes françaises, ça voulait dire quelque chose. Moi, j’ai senti l’antisémitisme bien plus tard, quand je suis rentré à la Télévision. J’ai reçu des lettres de menace, des croix gammées et des étoiles jaunes rayées furent badigeonnées sur le capot de ma voiture.”
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Quel type de rapport Michel Drucker entretient-il avec le Judaïsme?
“Avec un père qui s’appelle Abraham Drucker et une mère qui s’appelle Lola Schafler, c’est difficile de cacher sa judéité, dit-il. Je suis Juif et je le resterai toute ma vie. Quand on a un père qui pendant la dernière Grande Guerre a été dénoncé par des concitoyens et contraint de porter l’étoile jaune, comment ne pas être Juif jusqu’au bout des ongles? Nous étions Juifs, même si on n’allait pas à la Synagogue, on ne fêtait pas Kippour et on n’a pas été élevés dans la tradition religieuse juive. Je crois que je suis de plus en plus Juif. Pour preuve: j’ai de plus en plus envie d’aller découvrir mes racines identitaires dans la ville où mes parents ont grandi, Czernowitz, en Ukraine. Il faut absolument que je fasse ce voyage. J’ai toujours redouté d’y aller. Je n’ai pas encore eu non plus le courage d’aller à Auschwitz, mais je le ferai un jour.”
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