Attentat au Pakistan visant Bhutto: un bilan effroyable qui risque de s'alourdir
à la une KARACHI (AFP) - 19/10/07 11:30
Avec au moins 133 morts déjà, le bilan effroyable de l'attentat qui a manqué l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto jeudi soir à Karachi, dans le sud du Pakistan, ne peut que s'alourdir, nombre des quelque 400 blessés étant grièvement touchés
Son mouvement a annoncé vendredi que Benazir Bhutto restera au Pakistan pour conduire son parti aux élections législatives de mi-janvier 2008, malgré l'attentat.
"Elle restera au Pakistan, elle ne partira pas, elle est déterminée", a assuré à l'AFP un sénateur du Parti du peuple pakistanais (PPP), Safdar Abbasi, à Karachi, dans le sud du pays.
"Nous n'allons pas modifier nos plans. Notre combat pour la démocratie va continuer. Nous allons participer aux élections", a-t-il poursuivi, faisant référence au prochain scrutin législatif programmé pour la mi-janvier 2008.
Benazir Bhutto accuse les partisans de l'ancien régime militaire du général Mohamad Zia-ul-Haq d'avoir fomenté l'attentat l'ayant visée jeudi à Karachi, dans une interview diffusée vendredi en ligne par l'hebdomadaire français Paris Match.
"Je sais exactement qui veut me tuer. Ce sont les dignitaires de l'ancien régime du général Zia qui sont aujourd'hui derrière l'extrémisme et le fanatisme", affirme Mme Bhutto dans cet entretien accordée dans la nuit de jeudi à vendredi à Karachi et publié sur le site internet du journal.
La police pakistanaise a annoncé avoir retrouvé la tête du kamikaze présumé dont la bombe devant le camion qui transportait à Karachi, dans le sud du Pakistan, Mme Bhutto, de retour d'exil.
"Le nombre confirmé de personnes tuées pour l'heure est de 133", a annoncé vendredi matin le général Javed Cheema, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
va augmenter", a-t-elle conclu.
Peu avant minuit, une grenade a été lancée, suivie de peu par l'explosion d'une bombe très puissante qu'un kamikaze portait sur lui, selon plusieurs sources policières, "à quelques mètres de l'avant" du camion blindé à bord duquel Mme Bhutto avait déjà passé neuf heures à défiler dans les rues de Karachi, sous les vivats d'au moins 250.000 sympathisants venus l'accueillir pour son retour après huit années d'exil.
L'ancien Premier ministre venait de quitter le toit du poids-lourd, où elle était à découvert, pour se reposer dans le container du camion, aménagé pour cela et blindé, selon les mêmes sources. C'était le plus meurtrier des attentats suicide jamais perpétrés au Pakistan.
Le bilan est aussi lourd pour un seul kamikaze à pied "parce© AFP http://media.actu.orange.fr/2007/I/mmd--francais--journal_internet--une/CPS.HKZ90.191007073150.photo01.photo.default-512x297.jpg##copy##AFP
photo : aamir qureshi , AFP
que la bombe était bourrée de sortes de billes et de clous dont la projection est extrêmement dévastatrice, surtout dans un espace où la foule était aussi compacte", a expliqué le général Cheema. Selon la police, quelque 250.000 sympathisants de Mme Bhutto s'étaient massés tout le long du parcours du défilé qui devait la conduire, en 18 heures, de l'aéroport où elle avait atterri en début d'après-midi en provenance de Dubaï, au mausolée du père-fondateur du Pakistan Muhammad Ali Jinnah.
Elle n'en a fait que la moitié et a été extraite du camion par ses plus proches collaborateurs en état de choc, avant d'être précipitée dans une voiture qui l'a conduite dans la maison familiale. Elle n'en était pas encore sortie vendredi en fin de matinée. La mégalopole du sud du pays avait pourtant été transformée en forteresse, quadrillée par 20.000 policiers, à la suite de menaces d'attentats islamistes.
Le président Pervez Musharraf, qui a pris le pouvoir il y a huit ans par un coup d'Etat sans violences et négocie depuis plusieurs mois un partage du pouvoir avec Mme Bhutto, "a condamné cette attaque dans les termes les plus fermes", parlant d'"un complot contre la démocratie".
Mme Bhutto et les autorités disaient redouter un attentat à la suite de menaces brandies dans la presse par un© AFP http://media.actu.orange.fr/2007/I/mmd--francais--journal_internet--une/CPS.HKZ90.191007073150.photo02.photo.default-512x331.jpg##copy##AFP
photo : Carl de Souza , AFP
commandant de combattants islamistes proches des talibans et d'al-Qaïda, présents dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
L'ex-Premier ministre avait promis à plusieurs reprises d'"éradiquer la menace islamiste" de son pays, en proie depuis plus de trois mois à une vague sans précédent d'attentats suicide.
Mais le mari de Mme Bhutto a accusé, lui, une agence des services de renseignement du Pakistan. "Cet attentat n'a pas été perpétré par des combattants islamistes, mais par cette agence d'espionnage", a affirmé Asif Ali Zardari à une télévision, sans étayer ses accusations.
Mme Bhutto était rentrée jeudi au Pakistan pour conduire son parti aux législatives de janvier. Elle avait quitté son pays en 1999 pour échapper à des poursuites pour corruption. Deux fois Premier ministre (1988-1990 et 1993-1996), elle s'est engagée à ramener la démocratie au Pakistan.
Elle a pu rentrer à la faveur d'une amnistie décrétée par le général Musharraf, avec lequel elle négocie, depuis juillet, une alliance entre son influent parti et celui du président, dont la popularité chute depuis six mois, à l'horizon des législatives prévues mi-janvier. Si les négociations aboutissent, lui conserverait la présidence, elle se retrouverait à la tête du gouvernement.
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