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D¹Annapolis à Har Homa
Edito de la rédaction
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
La semaine dernière, la secrétaire d¹Etat américaine Condoleezza Rice a
exigé de son homologue Tzipi Livni des explications au sujet du plan de
construction de 300 appartements dans le quartier de Har Homa, à Jérusalem
Est. Rice ne s¹est pas contentée de poser la question à Livni, elle s¹est
hâtée de rendre publique l¹opposition de l¹administration Bush à ce plan.
Les membres de l¹administration américaine, en général, s¹opposent à tout
geste susceptible de nuire aux négociations israélo-palestiniennes en
l¹occurrence, les colonies. Mais cette fois, Rice a également exprimé sa
crainte que les constructions à Har Homa soient un obstacle au processus
d¹Annapolis. Olmert et Abbas déclarent poursuivre l¹objectif de Bush
(conclure les négociations et créer un Etat palestinien en une année), mais
les pourparlers ne font que commencer, et l¹hypothèse d¹une conclusion
rapide menace de s¹écraser sur Har Homa (jeu de mot intraduisible : Har Homa
signifie en hébreu « montagne de la muraille », ndt).
Israël n¹a aucune bonne raison à opposer aux Américains. Une affaire
intérieure ? Har Homa est située à l¹intérieur d¹un territoire sous
juridiction municipale de Jérusalem et soumise à la souveraineté israélienne
? Une question de bureaucratie ? Un appel d¹offres qui n¹avait pas encore
été publié ? Ces arguments sont ridicules. Personne au monde ne reconnaît
l¹annexion par Israël de Jérusalem Est. Il suffit d¹examiner les cartes
officielles publiées par le secrétariat d¹Etat américain et la CIA. Tout ce
qui est situé au-delà des lignes du 4 juin 67 constitue un territoire
occupé. C¹est vrai pour le Golan, c¹est vrai aussi des nouveaux quartiers
construits par Israël à Jérusalem. La politique unilatérale d¹Israël n¹est
qu¹un jeu de faux-semblants qui n¹oblige personne sinon lui-même, et
certainement pas les Etats-Unis, qui se trouve être aussi le seul pays à
aider Israël sur les plans militaire et diplomatique.
Israël ne peut pas non plus s¹appuyer sur la lettre adressée par Bush en
avril 2004 à Ariel Sharon, dans laquelle le président américain affirmait
que la situation créée par les colonies dans les territoires palestiniens
devait être prise en considération. Cette déclaration de Bush ne constituait
pas un engagement à empêcher d¹évacuer des colonies, elle n¹oblige pas ses
successeurs, et d¹ailleurs, elle a disparu ostensiblement d¹autres documents
officiels, dont une lettre quasi identique adressée dans le même temps au
roi Abdallah de Jordanie. Dans tous les cas, tout ce qui s¹est produit
depuis ces derniers trois ans et demi n¹est pas concerné par la déclaration
de Bush.
Il n¹est pas surprenant que cette affaire de Har Homa ait été interprétée
comme une provocation, ou au mieux comme une stupidité, car elle intervient
à un moment où l¹on se trouve au seuil d¹une percée diplomatique décisive à
laquelle, en apparence du moins, Israël est heureux de participer sans se
faire tirer l¹oreille. Les trucs habituels (l¹extension des limites des
colonies, la construction de nouvelles colonies sous le couvert de quartiers
de colonies déjà existantes, ou, prétexte favori, la « croissance naturelle
») ne trompent personne.
Les festivités d¹Annapolis sont terminées. Le test sera dans l¹application
des accords, beaucoup moins festive. Pour le moment, pas une seule colonie
sauvage n¹a été évacuée, aucun progrès diplomatique n¹a été enregistré, pas
même le plus léger, et Israël se met dans la pire des positions : être la
cible d¹attaques terroristes que les Palestiniens ne tentent pas réellement
de stopper, et se mettre tout seul en position défensive sur le plan
diplomatique. A ce rythme, et compte tenu de tout ce qui précède, la
conférence d¹Annapolis ne sera rien de plus qu¹une simple note de bas de
page.