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adm-janine
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adm-janine


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MessageSujet: article de Bitterlemons.org   article de      Bitterlemons.org Icon_minitimeJeu 15 Fév - 8:02


Bitterlemons, 12 février 2007
www.bitterlemons.org
Sommet de La Mecque : l'influence saoudienne
Smadar Perry (1)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant

Les photos parues la semaine dernière, prises dans l'élégant et spacieux
palais al-Safa de La Mecque racontent l'histoire des coulisses du sommet
"historique" entre les délégations du Fatah et du Hamas.
Dans l'enthousiasme ambiant, le leader du Hamas Khaled Mesh'al a oublié un
instant que le président palestinien Mahmoud Abbas (Abou Mazen) avait tenté
de renverser le gouvernement Hamas à Gaza, avec la bénédiction de Washington
et de Jérusalem. Les deux hommes ont roulé dans la même voiture, de villes
en villes saoudiennes, puis ont inauguré par une prière les conversations de
réconciliation. Des serveurs portaient des plateaux chargés de nourriture,
les délégations ont dormi, puis délibéré dans le palais où leurs hôtes se
sont faits discrets, sauf quand on a eu besoin d'eux. Quelques jours plus
tard, les deux leaders palestiniens ont couronné leur accord par une visite
très médiatisée sur le lieu saint, drapés de tuniques blanches symbolisant
la pureté de leurs intentions.
Il est rare que le palais royal, qui surplombe la Ka'aba (2), lieu saint
pour des centaines de musulmans de par le monde, laisse pénétrer des caméras
de télévision, bien que les organisateurs de la conférence se soient assurés
que les médias seraient tenus à bonne distance des nombreuses scènes de
désaccords et de bouffées de colère. L'Arabie saoudite a tout misé sur le
sommet de La Mecque, en faisant savoir dès le début que c'était la "dernière
chance" pour les deux parties. Le roi Abdallah a voulu une série de
résultats diplomatiques, là où précisément ses prédécesseurs en Egypte, en
Jordanie, au Qatar et même dans une certaine mesure en Syrie, avaient
échoué.
Pour autant que nous le sachions, au moins cinq des plus hauts dignitaires
du régime saoudien se sont mobilisés pour cette entreprise : le roi
Abdallah, son frère Sultan, prince de la Couronne, le ministre des affaires
étrangères Saoud al-Fayçal, le prince Mukrin bin Abdul-Aziz, nouveau chef du
renseignement, et l'étoile montante de la nouvelle diplomatie d'ouverture du
roi, le prince Bandar, conseiller pour la sécurité nationale. Les
conseillers ont recommandé d'utiliser un modèle américain de gestion de
crise dans les négociations tout en l'adoptant aux conditions du
Moyen-Orient. Ils ont fait se heurter de front Abou Mazen et Khaled Mesh'al,
ainsi que leur important entourage respectif, jusqu'à l'obtention d'un
accord sur un gouvernement d'union nationale, même rédigé à la hâte, sous la
pression, matelassé de généreuses promesses financières et plein de
formulations qui paraissent fragiles et peu convaincantes. Tous les experts
s'accordent à dire que le véritable test sera de voir si la promesse de la
fin de l'effusion de sang en Palestine sera tenue sur le terrain. Israël a
été à peine mentionné lors du sommet de La Mecque.
Nous savons aujourd'hui qu'une semaine avant le début des négociations,
Mesh'al avait pris soin d'envoyer à Damas une clarification claire et nette
: le Hamas ne s'engageait pas à reconnaître Israël. La politique du
mouvement, dictée par Mesh'al au premier ministre Haniyeh, n'allait donc pas
changer radicalement. Mesh'al signalait ainsi au monarque saoudien qu'il
pouvait se débrouiller sans ses millions.
L'accord de gouvernement d'union nationale était donc pré-formaté : il
traiterait des questions internes palestiniennes, contiendrait de vagues
formules de coopération entre Abou Mazen et un gouvernement dirigé par le
Hamas, et, plus important, accorderait une plus grande importance à leurs
hôtes [saoudiens] en tant que gestionnaires de crise et négociateurs. Si les
deux camps palestiniens respectent leur accord, les Saoudiens feront
parvenir un milliard de dollars pour des projets économiques, des aides et
des reconstructions, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Pour le royaume pétrolier, la question financière est secondaire. La maison
royale saoudienne est prête à dépenser encore bien plus de centaines de
millions de dollars pour atteindre son grand objectif. A Washington,
l'administration divise le monde musulman entre "alliés" (Arabie saoudite,
Egypte, Jordanie, Maroc et Fatah) et "méchants" (Iran, Syrie). Mais les
Saoudiens divisent la même carte selon des critères strictement
communautaires : les musulmans sunnites sont les alliés de la famille royale
wahabbite, contre les chiites d'Iran et du Hezbollah qui veulent abattre le
gouvernement libanais à majorité sunnite pour y établir l'empire du "bon
Islam". Cette confrontation, autrefois refoulée, est devenue beaucoup plus
aiguë depuis la chute de Saddam Hussein et la montée en puissance des
chiites d'Irak.
L'Arabie saoudite perçoit deux types de menaces de la part de l'Iran : l'une
nucléaire, à long terme, et l'autre, beaucoup plus aiguë, omniprésente et
avancée : la formation d'un "croissant chiite" depuis Téhéran jusqu'au
Hezbollah du Liban en passant par ses alliés chiites irakiens. L'objectif
ultime des Iraniens est de mettre à feu l'Egypte, le plus grand des pays
arabes, et d'atteindre le Saint des Saints, le royaume où l'islam est né.
Qui contrôle la Ka'aba contrôle le monde musulman. Cela explique pourquoi la
sécurité saoudienne et ses services de renseignement mènent une guerre
totale contre les cellules fondamentalistes implantées avec le financement
et sous l'inspiration de Téhéran.
Vis-à-vis de l'étranger, Riyad aurait considérablement renforcé ses
relations avec Téhéran : Ali Lanjani, conseiller iranien pour la sécurité,
et son homologue saoudien le prince Bandar se sont rendu mutuellement visite
ces dernières semaines. Mais l'ambassadeur saoudien à Washington, l'ancien
chef du renseignement Turki al-Fayçal (frère du ministre des affaires
étrangères), a été rappelé sans ménagement à Ryad après avoir appelé au
dialogue avec les ayatollahs. Les Saoudiens sont également en train
d'intensifier leur engagement discret en Irak et de renforcer le
gouvernement libanais de Fouad Siniora contre l'intervention brutale de
l'Iran, pour laquelle le président syrien Bachar Assad se montre pour le
moins indulgent.
Malgré ses défauts, l'accord de La Mecque est aujourd'hui considéré par
Washington et par le camp des "bons" dans le monde arabe comme pouvant mener
à un premier pas dans les efforts de Riyad de renforcer ses positions dans
le monde arabe. Fin mars, les 22 leaders arabes se réuniront lors d'un
sommet destiné à relancer l'initiative de paix du roi Abdallah. L'équation
diplomatique est simple : le monde arabe, qui a déjà approuvé ce plan à
Beyrouth en 2002, offre à Israël une paix totale et une normalisation des
relations (qui seront testées "sur le terrain", comme c'est le cas pour
l'accord de La Mecque) en échange d'un engagement de la part d'Israël de se
retirer sur les frontières de 1967(3).
Jusqu'à maintenant, les premiers ministres israéliens ont évité de réagir
directement à cette initiative. Mais les Saoudiens n'ont pas l'intention de
relâcher la pression. Ils ont le soutien des Etats-Unis, qui a intérêt à
voir aboutir un processus de paix. Et la lutte continue contre l'OPA
iranienne sur le leadership du monde musulman.

(1) Smadar Perry est la responsable du desk Moyen-Orient pour le quotidien
Yediot Aharonot.
(2) Ka'aba : la célèbre "pierre noire", bâtiment de forme approximativement
cubique avec ses 15 mètres de haut et ses côtés de 10 et 12 mètres, situé au
centre de la Grande Mosquée de La Mecque, vers lequel les musulmans se
tournent pour prier. Après avoir pendant un temps dirigé la prière vers
Jérusalem, dont il avait eu une vision, Mahomet aurait choisi de l'orienter
vers la Ka'aba, sans doute pendant son exil à Médine. Recouverte d'un
brocart noir (la kiswa) brodé de versets coraniques, c'est autour de la
Ka'aba que les pèlerins effectuent les sept tours du tawaf, également appelé
la circumambulation. (source : Wikipedia)
(3) Sur l'initiative saoudienne, voir par exemple : "A propos de
l¹initiative de paix saoudienne :
"http://www.lapaixmaintenant.org/article649
et, plus récent : "Les Saoudiens poussent Bush à adopter leur plan de paix"
http://www.lapaixmaintenant.org/article1506
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