PARIS (AFP) - Environ un millier de membres de la communauté juive de France étaient réunis dimanche sous les ors et les fresques de la salle Saint-Jean de l'Hôtel de Ville de Paris, pour fêter le bicentenaire du Grand Sanhédrin, réuni dans cette même salle par la volonté de Napoléon.Cette assemblée de notables juifs et de rabbins avait pris, au nom de la communauté juive, l'engagement de respecter la loi française. Ce "pacte" a été respecté depuis deux siècles, a rappelé Joël Mergui, président du Consistoire de Paris, en ouverture des cérémonies.
Jean Kahn, président du Consistoire de France, a ensuite évoqué l'histoire de la communauté juive, en France depuis 2.000 ans, puis le maire de Paris, Bertrand Delanoë a fait un discours très applaudi sur deux siècles "magnifiques et terribles". Il a rappelé l'Affaire Dreyfus, la rafle du Vel d'Hiv, la déportation mais insisté aussi sur la "fraternité" et sur "l'enrichissement" de la société française grâce à "l'âme juive".
Les comédiens Stéphane Freiss et Gérard Darmon ont ensuite lu les douze questions qui avaient été posées au Grand Sanhédrin par Napoléon au sujet de la conformité de la Torah avec la loi française. Les questions portaient sur le mariage, la fidélité à la patrie, la justice, l'activité professionnelle, les prêts d'argent (pas d'usure), etc.
Le Grand Sanhédrin était une idée de Napoléon. Il avait baptisé ainsi cette assemblée en référence à l'aréopage de grands prêtres qui, à Jérusalem, représentait les Juifs auprès des Romains. Le Grand Sanhédrin parisien s'était réuni du 10 février au 13 mars 1807 dans cette même salle Saint-Jean. Les Juifs avaient acquis la citoyenneté française en 1791 mais continuaient à vivre en communautés avec leur propre système de justice, leur état-civil. Napoléon avait décidé qu'ils seraient des citoyens à part entière, avec les droits et les devoirs que ce statut implique.
Les divers aspects de cette intégration font l'objet dans l'après-midi de deux conférences sur "le juif dans la Cité" et sur "s'intégrer sans se renier". Parmi les intervenants figurent l'historien Jean Tulard, le philosophe Bernard-Henri-Levy et le ministre Renaud Dutreil ainsi que le grand rabbin Joseph Haïm Sitruk.
La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, devait prononcer l'allocution de clôture sur le thème de la fidélité à la patrie. Sa présence rappelle que les Juifs ont combattu pour la France, et que 6.000 sont morts pendant la guerre de 14-18.
Une exposition temporaire, très documentée, sur l'"Histoire des Juifs de France" rappelle les 2.000 ans de la communauté, ses traditions, son patrimoine et ses grands hommes.
La Mairie de Paris abrite actuellement (jusqu'au 29 avril) une autre exposition, rappelant les "11.400 enfants juifs déportés de France", un des volets tragiques de l'histoire de la communauté juive en France.