La figure de la Vierge Marie dans l’histoire des femmes et du féminisme
Annick Delfosse, Assistante en Histoire Moderne, Université de Liège.
http://www.ulg.ac.be/ferulg/delfosse.pdf
extrait : (le meilleur)
Il convient d’abord de souligner que la conception virginale doit être lue, dans les
Evangiles, comme une preuve de manifestation divine. Les évangélistes sont en effet
imprégnés et de la culture juive, et de la culture hellénistique du premier siècle de l’ère chrétienne. Or, la Bible présente à de nombreuses reprises le cas de femmes âgées et stériles mais, malgré tout, enceintes par la volonté de Dieu.
Les rédacteurs des textes bibliques ont voulu montrer, par ces naissances miraculeuses, que les enfants de ces matriarches, Isaac, Jacob, Benjamin et les autres, étaient donnés par Dieu pour être les guides du peuple d’Israël.
Au Ier siècle P.C.N., circulent des commentaires de type allégorique sur ces conceptions miraculeuses qui les réinterprètent comme virginales. C’est dans ce contexte que rédigent les évangélistes. Ils font donc de Marie une jeune fille vierge pour souligner que son fils, par sa naissance extraordinaire, est le Messie attendu et envoyé par Dieu ! Il est nécessaire toutefois relever que le mot « Vierge » n’apparaît pas dans les évangiles. C’est Justin, père de l’Eglise de la première moitié du IIe siècle qui, le premier, donnera à Marie ce titre. Et si la chasteté corporelle est très tôt recommandée comme idéal de vie chrétienne, il faut attendre le siècle pour que Marie en devienne l’archétype. Les religieuses seront progressivement appelées à devenir semblables à la Mère de Dieu en adoptant un comportement semblable.